Metz - Le café littéraire de Metz, reçoit, aux Trinitaires, le 7 janvier 2006 à 16 h 30 Henriette Chardak, auteur de ''Elisée Reclus un encyclopédiste infernal''aux éditions L'Harmattan. Elisée Reclus, géographe visionnaire et anarchiste... 2 Liens : 1) mymontreux.ch : Reclus, géographe et anarchiste ; 2 )café-geo.net, cafés géo Paris, en 2010 avec Philippe Pelletier, Bénédicte Tratnjek,
Samedi 7 janvier 2006 de 16h30-18h, aux Trinitaires, 10-12 rue des Trinitaires à Metz
Le Café Littéraire de Metz reçoit Henriette Chardak,
pour son livre ''Elisée Reclus un encyclopédiste infernal'', paru aux éditions L'Harmattan.
Elisée Reclus (1830 - 1905) : Un géographe dans la cité. L'œuvre d'Elisée RECLUS est immense. Il a été l'un des géographes les plus lus de son vivant, il est connu pour son œuvre géographique monumentale et par ses prises de position militantes. D'abord destiné à la théologie, il fit de la géographie son métier, mena une vie de citoyen engagé dans la cité et devint une figure centrale de l'anarchisme. Sa vie et son itinéraire recoupent ceux de plusieurs personnalités évoquées dans des cafés littéraires antérieurs.Pour présenter ce personnage hors du commun dont on redécouvre actuellement le caractère visionnaire, et qui a évoqué avec un siècle d'avance les grandes questions géopolitiques modernes, Henriette CHARDAK, auteur d'un ouvrage de référence Elisée Reclus un encyclopédiste infernal, paru aux éditions L'Harmattan.
Cafés Géographiques de Paris Philippe Pelletier, Bénédicte Tratnjek, Manouk Borzakian 29 novembre 2010 Elisée Reclus, un géographe à lire et relire Philippe Pelletier (géographe, spécialiste du Japon et d'Elisée Reclus, Université de Lyon 2) est venu en ce 29 novembre 2010 parler d'Elisée Reclus, très connu pour sa géographie et son anarchie.
Extraits du texte compte-rendu très intéressant de Bénédicte Tratnjek et Manouk Borzakian avec Gilles Fumey et Guillaume Pelletier
Quels liens peuvent être faits entre la géographie de cet illustre personnage et son engagement politique ?
Gilles Fumey introduit ce café géo en rappelant que Philippe Pelletier (spécialiste du Japon) est un géographe qui fréquente Reclus non seulement pour son oeuvre scientifique mais aussi pour le personnage en lui-même.
Il interroge Philippe Pelletier : pourquoi s'intéresser à Reclus ? D'où vient cette passion pour le personnage Reclus, au-delà de la géographie, et qui justement n'est pas toujours étiqueté comme géographe ?
Élisée Reclus (1830-1905) est simultanément géographe et également anarchiste, mais que, bien que géographes et anarchistes se soient intéressés à lui, il n'y a pas toujours eu de croisement, d'interrelation entre les deux pensées dans l'approche de Reclus.
C'est ce qu'il a précisément essayé de faire dans son livre : Elisée Reclus, géographie et anarchie (Editions du Monde libertaire & Éditions libertaires, Paris & Oléron, 2009).
(...) Pour Reclus, l'histoire n'est pas écrite. Il s'oppose à l'idée d'un schéma linéaire (dans son anarchie, comme dans sa géographie), et défend celle de dynamiques.
On retrouve cette conception dans son analyse des formes terrestres, des paysages, qui repose sur une idée de dynamisme.
Il affirme que « la géographie n'est autre chose que l'histoire dans l'espace, de même que l'histoire est la géographie dans le temps » (L'Homme et la terre).
Cette position lui vaut son exclusion progressive par certains géographes comme Jean Brunhes (au départ un grand admirateur), qui reproche à Reclus de faire de l'histoire et de la sociologie plutôt que de la géographie, couplage pourtant intégré par l'Ecole des Annales, y compris Lucien Febvre, qui se réfère à Reclus.
Sur le plan géographique, la notion d'équilibre se traduit par une idée de solidarité plus consciente de l'individu à la fois « si petit et si grand » avec l'univers.
On a là une thématique « écologiste », bien que, dans le même temps, Reclus ne partage pas la posture d'un être humain intrinsèquement prédateur de la nature.
Reclus écrit beaucoup sur les relations Homme-environnement.
Il s'inspire ainsi des travaux de George Perkins Marsh (théoricien nord-américain de l'environnementalisme), premier à attirer l'attention sur les dangers d'une mauvaise gestion de l'environnement, qui avilit la nature et avilit ainsi l'homme lui-même.
On retrouve également, dans les réflexions de Reclus, l'influence de Ritter (mais aussi de Bakounine, pour qui « nulle rébellion contre la nature est possible »).
La décision souveraine de l'individu
Reclus ne défend pas l'idée d'un individu atomisé ou libéral, il s'agit d'un individu qui doit prendre conscience et qui est doté d'énergie et de volonté, qui n'a pas d'existence sans les autres et dont l'émancipation est rendue possible par celle des autres individus (cf. Bakounine : « ma liberté n'est rien sans celle des autres »). Il doit décider et agir : cette troisième loi révèle la capacité d'action de la part de l'individu.(...)
Quelues éléments biographiques
Elisée Reclus (1830-1905) Géographe et anarchiste [...]
Elisée [...] étudie à Berlin, sous la houlette du grand géographe Karl Ritter.
A son retour, il proteste violemment avec son frère aîné Elie contre le coup d'Etat de Napoléon III, ce qui les condamne à l'exil.
Devenu un théoricien de l'anarchisme, Elisée récidive en 1870 en participant à la Commune de Paris, ce qui lui vaut cette fois une condamnation au bagne, commuée, grâce à ses amis, en expulsion de France.
C'est les menottes aux mains qu'il franchit la frontière suisse, alors accueillante aux proscrits.
Après avoir vécu au Tessin, puis à Vevey,
Reclus bâtit en 1879 une maison à Montreux-Clarens qui devient une étape inévitable de l'errance des anarchistes.
Les avatars politiques n'ont pas empêché ce grand marcheur de visiter l'Amérique du Nord au moment de la Guerre de Sécession, puis la région de Panama. Il accumule les observations et échafaude les théories qui feront de lui un géographe novateur.
C'est à Clarens, entre 1879 et 1890, qu'il rédige une part importante de son oeuvre maîtresse «La Nouvelle Géographie Universelle»,
en collaboration avec son frère Onésime
et son ami Léon Metchnikoff, grand voyageur lui aussi, mort à Clarens en 1886.
Reclus basait son anarchisme sur une vision si généreuse et si optimiste de la nature de l'homme qu'elle paraît aujourd'hui naïve à nos esprits désabusés. Comme beaucoup de ses contemporains, il était habité par le rêve d'un progrès moral et social continu.