Mon brouillon de préparation "écrit" pour le Café littéraire Metz Paul Blanqué sur son oeuvre : Tout ne s'est pas, évidemment et heureusement, passé comme prévu... les maudites circonstances..."
Paul Blanqué, bonjour, vous avez bien voulu répondre à l'invitation de l'APAC dont vous êtes un membres éminents, faut-il le rappeler.
Vous êtes un invité de choix pour ce WE de "L'été du livre" consacré au journalisme et à la littérature, puisque, parallèlement à votre carrière dans l'industrie vous avez coopéré à divers journaux.
Vous avez fait des reportages, ce qui signifie écriture, photographie et voyage. J'ajoute que vos lecteurs peuvent vous retrouver sur votre site(celui qui héberge généreusement l'APAC) pour se rendre compte de la richesse de vos productions (du visuel et de l'audio)
Depuis 1999 vous vous êtes lancé dans la littérature à ce jour "vous avez publié" 4 ouvrages dont certains passges tiennent parfois un peu du reportage. ( souhaitez-vous faire un bref commentaire sur le mot édition ?)
Nous allons cette après midi entrer dans votre monde, celui qui se dessine de livre en livre et qui comme un de vos personnages "tisse la toile des coïncidences".
Ce café littéraire se divisera en deux parties la 1ère évoquera l'Inde et la 2ème la chine
Commençons par l'Inde avec vos trois premiers livres où l'auteur raconte un voyage, en Inde, au petit Tibet, au Laddak . Le but ultime était un trekking dans l'Himalaya.
qu'est-ce qu'un trekking (trek ?) ?Ce voyage se fait à plusieurs Un groupe d'amis auquel entre autres vous dédiez votre premier ouvrage Dans l'ordre de déroulement "réel"du voyage, mais dans l'ordre de l'écriture, de la narration.
le 1er sur les pistes du petit Tibet, récit, publié en 1999 qui raconte les circonstances d'1 voyage qui débute dans le livre au moment de l'arrivée à Dehli et qui se termine à Leh, la capitale du laddak.
le 2 ème Ôm, au coeur de l'Himalaya, roman d'un voyage en terre tibétaine, paru en 2009, histoire d'un échec, d'une déroute, l'échec du trek au Laddak, dans le massif du stod, à partir de la ville de Leh; l'abandon et le choix d'un départ vers une autre destination plus souriante, un nouveau périple, au cachemire. Un échec transformé
et c'est ce que raconte le 3ème L'oeil de shiva , paru en 2004, roman à la frontière du petit Tibet.
- C'est le véritable récit d'un seul voyage ? Un condensé de plusieurs ? Qui participe à cette expédition ? Ils deviennent des personnages...
Par rapport à la chronologie il vous aura fallu plus de temps pour transformer en écriture ce qui s'est passé au coeur de l'Himalaya, pendant 5 jours ?
Avec ôm on s'éloigne du carnet, du récit de voyage. C'est une initiation. Se découvrir seul. Dans les trois recueils on sent un désir d'indistinction, une volonté explicite, une philosophie de faire corps, de rassembler pour avoir enfin des relations vraies, le contact romantique du coeur à coeur, électif. Avec les humains, les amis, le groupe, les autochtones rencontrés en chemin, et le paysage, la nature et soi-même. Cette avancée est très bien rendue.
Est-ce qu'il y a un rapport à la réalité ? Votre groupe a-t-il vraiment explosé comme ça ? ça a dû être une véritable souffrance.
vous insistez sur les ruptures, les inadéquations, les incompréhensions. C'est ce qui se passe dans Ôm. La nature inhospitalière vous rejette. Vous vous questionnez : Avons-nous mal prononcé, mal compris ? Est-ce un problème de langue ? " Maudite soit la barrière du langage qui empêche de savoir."
(LECTURE Bernard : Interaction perte de repères le corps qui lâche (soi/groupe/nature)
En somme il n'y avait plus de cohésion ni avec la nature, ni avec les autres, ni avec soi-même. Tout s'est désintégré en même temps.
Qui est le narrateur ? Vous avez dit que vous n'aimiez pas dire "je"
D'ailleurs il est très difficile de savoir qui se cache derrière celui qui tient la plume. Il y a une "confusion" bien "maîtrisée". Cela semble à plusieurs reprises être Valérie qui est votre traductrice.
Vous écrivez avec beaucoup d'humour, de recul, le ton est même parfois un peu sarcastique...
Moins dans Ôm, et voilà mes questions.
-Quand perd-on son sens de l'humour ?Quelles sont les limites de l'humour ? A partir de quel moment l'humour n'est-il plus possible ?
-Vous stigmatisez l'attitude du" touriste" et vous semblez être un peu mal à l'aise par rapport aux photos "obligatoires"etc. Pourquoi va-t-on en Inde ?
(LECTURE Geneviève)
Parodie ? du tourisme/ bonheur édénique ?/le groupe est soudé
Pourquoi voyage-t-on ? A la rencontre de l'inattendu Mondland
(LECTURE Maïté)
"le voyage a plus d'importance que le but" + relire la dédicace sur les pistes
"A des amis..."
Il y aurait encore tellement de choses à dire c'est juste un aperçu. La femme est présente partout explicitement ou non, dans la nature qui est femme, difficile d'accès parfois et dévoreuse et dangereuse, dans les personnages Valérie, Cathy, en particulier.
L'opposition orient/occident
et, bien sûr de larges développements philosophiques sur le bouddhisme, sur l'art et même du pratico pratique une chek list pour que vous n'oubliiez rien dans vos bagages si vous voulez vous rendre vous aussi en Inde.
Et j'oubliais les cartes, pour que les lecteurs ne se perdent pas en chemin.
Paul BLANQUE, nous abordons la 2ème partie du café littéraire qui vous est consacré en nous intéressant à votre dernière oeuvre, un roman, un très beau roman paru en 2010 dont le titre est La sacrifiée de Yuan Shao, voyage en terre chinoise qui se situe dans un autre cadre.
Vous êtes passé d'une écriture à l'autre. Je pense que ça tient à votre relation physique et symbolique au pays que vous avez visité. Combien de temps après votre retour avez-vous écrit ?
La trame
C'est l'histoire d'une jeune fille, Dominique Dourdan qui à 18 ans, à sa majorité, revient seule en Chine, en provenance de Paris. Ses parents sont morts. Elle vient sur la demande de sa mère remettre une lettre à un certain Henry Louyot...Une sorte d'enquête, avec une montée en puissance très bien orchestrée, un chemin semé d'embûches, de péripéties. Une recherche, de soi, de ses origines. Des lacunes, des interrogations. Roman placé sous le signe de la déception, de l'attente insatisfaite, de l'interrogation sans vraie réponse. Petit à petit tout se mettra en place. Il lui faudra rencontrer beaucoup de monde pour qu'enfin elle y voit clair. On s'identifie beaucoup à la jeune fille. Dominique veut savoir, elle sait confusément qu'il y a quelque chose à connaître. Elle est venue pour essayer de comprendre ce qui s'est passé quand elle était petite. Elle fait des cauchemars. Plusieurs qui chacun apportent une piste nouvelle sur l'histoire de la jeune fille. Petit à petit le cauchemar va comme sortir d'elle, s'extérioriser
Des descriptions qui plongent le lecteur au plus près du quotidien chinois des quartiers commerçants, le marché : vendeurs de pastèques dentistes, coiffeurs dans la rue à même le sol ou les pavés. Les habitudes, le rite de la négociation l'urbanisation violente qui a transformé les habitudes. Vous travaillez à partir de photos. Toutes ces photos autour de nous...dont vous pouvez peut-être dire un mot. Est-ce que vous "mitraillez" le paysage ou bien vous sélectionnez ?
Un contexte historique, marqué encore par Mao que vous évoquez à l'occasion notamment d' une légende qui explique pourquoi les oiseaux sont inexistants autour des champs.(page 16)
Des personnages attachants
-On revient un peu sur Dominique une jeune femme de 18 ans, étudiante, passionnée par les voyages. Quand elle évoque ses parents, sa vie en France.
-Ses parents sont morts tous les deux, Jusqu'à ses 18 ans c'est un tuteur vicieux... qui s'occupait de ses affaires et de son patrimoin e. Un père froid, brutal qui n'aimait pas être dérangé. Pas le droit d'entrer dans le bureau de " Père" Gaston DOURDAN, escorté d'une accorte maîtresse, son infirmière depuis son infarctus. Elle a vécu en pension. Sa mère, résignée qui vit dans un monde parallèle, lui donne une lettre pour un certain Louyot, responsable de la sécurité des colons français de la "Base vie", un lieu privilégié. Veut lui révéler un secret mais elle meurt avant. Sa première rencontre avec un enfant qui la conduit à un homme mystérieux, Li Hong, son ange gardien, chinois qui parle le français mais qui refuse la plupart du temps de répondre à ses questions et lui conseille la patience.
-La sorcière, une "suan min" qui joue un grand rôle dans le destin de Dominique. On assistera avec Dominique à un épisode de transes dont la jeune fille ne sort tout à fait indemne. Le lecteur est aussi touché en identification avec l'héroïne.
-Quelques silhouettes, une petite fille, qui semble la désigner comme un monstre, en la touchant du doigt. - Madame Yu qui elle parle un français littéraire et va aussi lui apporter de l'aide -Louyot, un témoin du passé une épave; Igor "le commandant", mi-russe, mi-chinois Ils lui demandent de justifier son identité. Ils lui parlent de la grossesse de sa mère, Géraldine.
Est-ce que vous vous êtes inspiré de personnages livresques, pour entourer votre héroïne ?
Pour introduire un aspect fondamental du livre, le fait de société qui en est à l'origine, on va lire un extrait de la légende de Yuan Shao...( lecture Maïté )
Un fait de société : où le réel intervient par l'intermédiaire des titres de presse
Elle est dans un avion Air France qui vient de Paris et qui attend sur le tarmac de l'aéroport international de Pékin. Inactive, elle sombre dans un demi sommeil elle laisse vagabonder son esprit ce qui la conduit au cauchemar et à l'angoisse. Sa rêverie, son cauchemar, le premier du livre, est enclenché par des articles qu'elle a lu sur le sort réservé aux femmes en Asie et à la malédiction qui est celle pour une femme de mettre au monde une fille. Il y est question de viol, avortement, abandon, meurtre... terrifiant mis en relation avec du côté des garçons avec le choix l'enfant roi, du fils unique.
Parlez-nous de cette réalité choquante pour un occidental. Est-ce qu'elle existe encore aujourd'hui ?
On peut peut-être partir de la première de couverture Très explicite. Une petite fille en larmes, engoncée dans dans un lourd costume, sous le titre, la sacrifiée de Yuan Shao.
Je voudrais terminer en contrepoint sur l'extrait d'un moment de bonheur, que Dominique va connaître, d'union fragile, d'émotion qui met bien en évidence le nouveau style de Paul Blanqué. Les thèmes s'enlacent. La femme et le travail des champs, l'union de la nature et de l'homme, des corps et des sentiments.
( Lectures Bernard et Geneviève )