Petite réflexion sur la poursuite éperdue de la Vérité suivie de ''La chasse à l'enfant'' de Jacques Prévert avec en lien you tube, proposé par Michel Blais, le poème devenu chanson interprétée par Mouloudji sur une musique de Kosma et la couverture de ''Paroles'' de Prévert , coll Folio
Comme on l'entend depuis ces dernières années où les guerres réelles et symboliques se multiplient et où la chasse fière, courageuse aux traitres, aux lâches, aux coupables et aux fausses nouvelles à éradiquer,
( faisons place nette, ne gardons que les purs et les parfaits )
se fait sans pitié,
en effet, "Il faut bien que le corps exulte", (Jacques Brel, "la chanson des vieux amants": un tout autre contexte, évidemment);
comme on l'entend, davantage encore depuis 15 jours :
"Il n'y a qu'une seule "vraie" victime, c'est la Vérité." Avec un grand V comme Victoire ?
C'est amusant ( ou pas) à une époque qui revendique
( le "j'assume" est de très bon ton aussi )
dans la presse
( le cinquième pouvoir , (en passe de devenir le premier ) vivant beaucoup/surtout de la publicité)
les sex toys,
(en lieu et place d'animaux humains ayant vagin, pénis ou parfois les deux - c'est plus propre ! on évite les fluides, et puis... c'est quand on veut ! -)
et qui promeut l'intelligence artificielle
et qui ne jure que par photoshop pour corriger les petits "défauts" des visages et des corps.
Ce n'est sans doute au fond pas si contradictoire que ça. Nous voulons peut-être nous alléger, piétiner le corps, le charnel, devenir esprit, âme, gagner le monde des Idées platoniciennes, absolues, où le Kalos Kagatos ( le Beau et le Bien auquel on rajoute, pour faire bonne mesure, le Vrai) règne en maître absolu pour toute éternité... ce qui implique de "traquer" ( comme on l'a fait pour le covid 19, par exemple) "le Mal" intérieur dont nous voudrions nous débarrasser, dont nous avons honte et que par pudeur (?) nous pointons du doigt chez les autres. En transformant quelque peu le sens du vers célèbre de Baudelaire on pourrait dire : Mon ennemi, mon frère, quand je parle de toi, je te parle de moi.
La chasse à l'enfant de Jacques Prévert
Bandit!
Voyou!
Voleur!
Chenapan!
Au-dessus de l'île on voit des oiseaux
Tout autour de l'île il y a de l'eau
Bandit!
Voyou!
Voleur!
Chenapan!
Qu'est-ce que c'est que ces hurlements
Bandit !
Voyou !
Voleur !
Chenapan !
C'est la meute des honnêtes gens
Qui fait la chasse à l'enfant
Il avait dit
J'en ai assez de la maison de redressement
Et les gardiens à coups de clefs lui avaient brisé les
dents
Et puis ils l'avaient laissé étendu sur le ciment
Bandit!
Voyou!
Voleur!
Chenapan!
Maintenant il s'est sauvé
Et comme une bête traquée
Il galope dans la nuit
Et tous galopent après lui
Les gendarmes les touristes les rentiers les artistes
Bandit !
Voyou !
Voleur !
Chenapan !
C'est la meute des honnêtes gens
Qui fait la chasse à l'enfant
Pour chasser l'enfant pas besoin de permis
Tous les braves gens s'y sont mis
Qu'est-ce qui nage dans la nuit
Quels sont ces éclairs ces bruits
C'est un enfant qui s'enfuit
On tire sur lui à coups de fusil
Bandit !
Voyou !
Voleur !
Chenapan !
Tous ces messieurs sur le rivage
Sont bredouilles et verts de rage
Bandit !
Voyou !
Voleur !
Chenapan !
Rejoindras-tu le continent rejoindras-tu le continent !
Au-dessus de l'île on voit des oiseaux
Tout autour de l'île il y a de l'eau.
Chasse à l'enfant v 1976 Mouloudji Prévert et Kosma proposé par Michel Blais