Avec deux ans de retard... texte contenant les 10 mots de la francophonie 2020

Publié le par Claire Antoine

Avec deux ans de retard... texte contenant les 10 mots de la francophonie 2020

Les 10 mots sur le thème de l'eau sont :  ''aquarelle, à vau-l’eau, engloutir, fluide, mangrove, oasis, ondée, plouf, ruisselerspitant''

Avec les couleurs transparentes de l'aquarelle, elle peignait des taches circulaires sur le papier gorgé d'eau. Et l'eau faisait danser les auréoles colorées dont les formes changent. 

Elles apparaissent, et disparaissent, mouvantes, ensorcelantes, au rythme doux et sûr du pinceau. 

Elles sont là. Elles respirent dans leurs racines.

Comme un papier jauni attaqué par les insectes et les champignons.

Quand la vitesse du vent s'accroît brusquement et change de direction, il peut t'engloutir comme au cours des grands orages d'automne qui engloutissent le soleil qui sombre dans leurs ténèbres électrisées.

Et la mer avala, dans ses gouffres, le navire.

Exposée à une faible lumière, protégée par des vitres, fragile et soluble, je vais, à vau-l'eau, je me laisse couler.   

D'amont en aval, les feuilles de saule romantiques descendent mélancoliques la rivière, vers l'embouchure. À tout va... Mais parfois, comme le raconte la légende, l'une d'elle - l'une de ces tristes feuilles de saule - voudrait que ni lac, ni mer n'aient raison d'elle.

Elle voudrait ne pas disparaître comme ça.

Peut-être s'est-elle fait agir, surprendre. Soumise aurait-elle été, au gros grain d'un vent soudain, quand elle a, sans le savoir, suivi le courant spitant qui l'a tourneboulée ? 

Ce vent effrayant qui noie les coléoptères stridulant pourtant à qui mieux mieux, ces détritivores, « géotrupes sans cornes » voyageant sur le dos de préhistoriques herbivores.   

Aux lieux buissonnants où se balancent les marées, dans les mangroves humides aux racines-échasses du Bangladesh, sous les palétuviers rouges, feulent les tigres du Bengale. Ils veillent sur les graines qui s’éloignent en flottant. Elles se dispersent, à la recherche d’un estran salé où s’enraciner.

Dans ma pensée, désertée, lézardée de soleils timides, une violente ondée me propulse à couvert, sous une couronne d’arbres où grouille la vie.  

Et la pluie aux gouttes glissant librement, enfin, je crois, les unes sur les autres, fluide, va couler, ruisseler, jusqu'à creuser dans sa chute incessante, les sols des rives, jusqu'à les ébouler.

Et le tonnerre gronde dans les profondeurs de la terre. Il s'interstice dans les fissures, les gonfle.

Et mouvants magnétiques, les bords tentent de se recoller les uns aux autres.

C’est là que le gingembre fait palpiter ton cœur, à la surface.

Ces jours-là point d'oasis pour te désaltérer.

Tu tombes. Lourde. Plouf !  L'eau t'arrive aux genoux. Elle monte. 

                                                                                                       (​​​​​​avril 2021)

 

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