Sur la peur de la mort, selon Epicure, (Athènes, IVe -IIIe) . Lien avec une émission radio france culture à podcaster
Est-il bien raisonnable d'avoir peur de la mort ? : épisode * 2/4 du podcast Epicure... de rappel
AUDIO * 2/4 : Est-il bien raisonnable d'avoir peur de la mort ?. Epicure... de rappel est une série inédite proposée par France Culture. Écoutez gratuitement en ligne ce podcast et parcourez to...
Juste un (trop) court rappel de la morale épicurienne. L'épicurien parfait est "le sage". Il recherche le bonheur, ce qui ne signifie pas que ce soit un hédoniste. Il ne prône pas la libre participation aux plaisirs et la jouissance sous toutes ses formes; même si Horace, néo épicurien romain... (65- 8) dit ceci d’Épicure (341-270). " Son esprit, sa religion, ses déportements lui ont acquis cette qualité et cette opinion parmi les hommes, que quand on veut parler d'un brutal, on l'appelle épicurien ; ses disciples et sectateurs ont été nommés pourceaux [...] et les Grecs, hommes sages voulant qualifier un sot et athéiste, l'ont appelé simplement [...], épicurien, esprit de pourceau." (II, 5)
Être épicurien c'est être un ascète. C'est mener une vie heureuse, exempte de douleur et d'inquiétude. Il faut donc chercher à éviter de souffrir et d'être troublé; à maîtriser ses désirs, vaincre ses passions ( désir d'honneur, de richesse, crainte de la mort...). Seulement "ne pas avoir faim, ne pas avoir soif, ne pas avoir froid" . Avec comme devise : "Carpe diem " "Cueille le jour" ( choisis, goûte, trie avec discipline et raison, évite l'excès, sans te laisser dominer par la suprématie du plaisir, car le futur est incertain). La méthode s'apparente à celle des stoïciens qui recherchent le "souverain bien", la vertu, la beauté morale. Leur devise étant : "sustine, abstine" "supporte et abstiens-toi")
La Lettre à Ménécée est un des rares textes d'Epicure qui soit parvenu jusqu'à nous. Epicure l'a écrite à son disciple Ménécée. Il y résume sa doctrine éthique, sa méthode pour atteindre le bonheur.
Texte grec ( pour celles et ceux à qui ça peut faire plaisir ) et traduction juxtalinéaire (je n'en n'ai plus fait depuis tellement longtemps..., j'ai donc vérifié à l'aide de plusieurs traductions trouvées sur internet, pour éviter non sens et contre sens...) des passages 124-125 concernant la peur de la mort
(...)Συνέθιζε δὲ ἐν τῷ νομίζειν μηδὲν πρὸς ἡμᾶς εἶναι τὸν θάνατον - Habitue-toi à penser que la mort n'est rien pour nous,
ἐπεὶ πᾶν ἀγαθὸν καὶ κακὸν ἐν αἰσθήσει - car tout bien et tout mal se trouvent dans la sensation :
στέρησις δέ ἐστιν αἰσθήσεως ὁ θάνατος. - or la mort est privation complète de toute sensibilité.
Oθεν γνῶσις ὀρθὴ τοῦ μηθὲν εἶναι πρὸς ἡμᾶς τὸν θάνατον ἀπολαυστὸν ποιεῖ τὸ τῆς ζωῆς θνητόν͵ - Le fait que nous sachions cela, que la mort n'est rien pour nous, rend joyeuse notre vie mortelle,
οὐκ ἄπειρον προστιθεῖσα χρόνον͵ - non parce que nous ajouterions à nos sensations celle de durée illimitée
ἀλλὰ τὸν τῆς ἀθανασίας ἀφελομένη πόθον. - mais parce qu’au contraire, cette connaissance retire en nous tout désir d'immortalité.
οὐθὲν γάρ ἐστιν ἐν τῷ ζῆν δεινὸν – En effet, il n'y a rien d’effrayant dans la vie
τῷ κατειληφότι γνησίως – pour qui a vraiment compris
τὸ μηδὲν ὑπάρχειν, ἐν τῷ μὴ ζῆν, δεινόν. - qu'il n'y a rien d’effrayant dans la non-vie.
ὥστε μάταιος ὁ λέγων δεδιέναι τὸν θάνατον - De sorte qu' est stupide celui qui dit craindre la mort
οὐχ ὅτι λυπήσει παρών ἀλλ΄ ὅτι λυπεῖ μέλλων. - non parce qu'elle nous fait souffrir quand elle arrive, mais parce qu’ elle nous fait souffrir rien qu'en pensant qu’elle arrivera.
O γὰρ παρὸν οὐκ ἐνοχλεῖ͵ En effet, ce qui quand il est présent ne nous trouble pas,
προσδοκώμενον κενῶς λυπεῖ. en vain, nous chagrine, quand on ne fait que l’attendre.
Tὸ φρικωδέστατον οὖν τῶν κακῶν, ὁ θάνατος, οὐθὲν πρὸςἡμᾶς͵ Celui des maux qui nous terrifie le plus, la mort, n'est donc rien pour nous,
ἐπειδήπερ ὅταν μὲν ἡμεῖς ὦμεν͵ puisque quand nous, nous existons,
ὁ θάνατος οὐ πάρεστιν͵ la mort n'est pas là,
ὅταν δὲ ὁ θάνατος παρῇ͵ et, quand la mort est là,
τόθ΄ ἡμεῖς οὐκ ἐσμέν. Alors, nous n’existons plus.
Oὔτε οὖν πρὸς τοὺς ζῶντάς ἐστιν οὔτε πρὸς τοὺς τετελευτηκότας͵ En conséquence, la mort n'a donc d’existence ni pour les vivants ni pour les morts
ἐπειδήπερ περὶ οὓς μὲν οὐκ ἔστιν, puisque, pour les vivants elle n'est pas là,
οἳ δ΄οὐκέτι εἰσίν. et que les morts, eux, ne sont plus là.(...)