182 ''Je suis une mélancolique''
Ce pseudo-poème qui appartient à mon dernier recueil autoédité " Et j’aperçois soudain l’ombre…" . Il a été dit pour la première fois chez Dom Corrieras, le 30 novembre 2018.
La mélancolique
Merci à Gérard de Nerval, Victor Hugo, Platon et aux (...) Beaux Jours de Samuel Beckett
"Je suis une mélancolique
Cloîtrée dans ses incertitudes
qui ressasse
Inhibée, négative..."
Feu !!
Contre elle-même
Disaccordée
Distortionnée
Ravinée
Rabougrie…
"Absence de consistance de l’image spéculaire" Diront alors les experts des comportements animaux
Dans l'attente - Tête baissée Mains croisées Derrière le dos Courbé... - De la catastrophe imminente
"Pour échapper à ton Destin Lui diront-ils-aussi
- Ne sois pas trop lucide
- Retiens-toi de vouloir Vider la mer avec ta pelle et ton seau.
- Tout ne se vaut pas.
- Trouve l’intérêt des choses.
- Transporte ici ton ailleurs rêvé.
- Ton désir d’absolu, Dans les choses, Ici, Parmi nous Ici Bas
- Et là, bats-toi.
- Ne bascule pas.
- Ne tombe pas de la barque Plus bas encore D'où tu ne reviendrais pas".
Mais le réel se fendille Se tortille et vacille Et ça se répète : C’est pareil que..., C’est comme quand..., C'est comme si...
Oh ! C'est encore raté !
« Tu es nostalgique Reprendront-ils, dans leur infinie sagesse, Du retour de ta douleur, De l’amour parfait Qui t'ouvrirait à la puissance, Conjurerait la mort »
Tu penses trop ... Tu te ravages Tu te détruis Par conscience et raison réunies ... Se disait-elle en se tapotant les joues Pour y faire revenir un peu du sang Parti au centre de son corps Qui bat Qui bat Qui bat Trop fort ...
C'est alors qu'en suffoquant elle se dit aussi tout ça :
« Je pars Mais avant, je te regarde Tu es mon semblable Je suis toi Je te dévore voracement La voilà mon image Reflétée, ce soir, par le miroir D’une image d’un moi Qui me regarde et qui ne me reconnait pas Et que je ne peux toucher Corriger, reu mo deu ler : Tu me fascines !"
Désir qui dépasse l’objet pour tendre vers L’inaccessible, le rien, « ce qu’il y a derrière ». Point de fugue du lieu du miroir, De l’objet inatteignable
De l’impuissance de l’ad-miré Ad-limité de l’objet d’amour captivé.
Nos-talgie d’amour.
Je souffre d‘être moi Impuissante sous mon regard Qui me juge Avec mes mots d’ailleurs Mes mots de Moi-Toi Qui me laissent
Dans un temps Suspendue Figée
Dans un temps pur-reflet
D’une origine sans lieu
Et d’un temps sans fin Où tout est fini, Avant d’avoir commencé. Où tout est joué. Je le sais. Où les dés sont jetés.
Et retombent, Je le sais, A la même place toujours.
La parole est traitresse (ça aussi, elle le sait aussi)
Elle dit aussi : "Sois raisonnable Vois dans la lumière De la glace Ta raison vaciller Dans la bile noire de ton esprit clairvoyant…"
Ombres qui se dessinent Sur le mur du musée où elle est retenue prisonnière...
Je ne veux pas mourir Pas tout de suite Enfin, je ne peux pas mourir J’ai encore tant de choses à faire A voir A lire A écrire Je ne rajoute pas à dessiner Peindre Photographier Coudre Imaginer,
Résoudre des équations Parce ça j’ai oublié
Courir, nager et tout ça : Le physique et tout ça
Parce que ça, tout ça Même avec de l’aide Et indépendamment d’une, comme on dit, « grosse image primitive » Qui résiste dans mon corps. Parce que ça, C’est réel ! : Je ne peux pasaaaaaaaaaaaa : Papa !!! Ah ! Bon ! c'était toi derrière la porte. Tu la fermes, s'te plaît.
Pour échapper à l’image qui m’appelle et Qui me menotte Qui ne veut pas se soumettre S’écraser Se collisionner Se poussiériser.
Parce que J’ai envie, pour ma vie, d’une carte de séjour, au goût de marshmallow…
Sur le banc de l’arrêt de bus désert J’attends encore le feu vert…
Mais « ne te repelotonne pas » … « El Desdichado… » Beau « ténébreux à la tour abolie… »
« Je pourrais avoir besoin de toi »...
Claire