''Les sandales d'Empédocle'' (le vegan), poème de Leconte de Lisle (1818-1894)

Publié le par Claire Antoine

(1818- 1894)

(1818- 1894)

                                Leconte de Lisle qui, selon Edmond Estève (cf lien),  

            manqua dans sa jeunesse de discernement ("Son admiration se trompa quelquefois d'objet".) 

                                            à tel point que ...figurez-vous !!! 

                           "Même après plusieurs mois de séjour en France, 
il mettra encore sur le même pied Rességuier et Victor Hugo, Alfred de Vigny et Mme Tastu. Son excuse, c'est que "beaucoup de gens qui auraient dû être plus éclairés que lui en faisaient autant"."
 
Très Mémoires d'un âne..."mes cheveux mêlés avec les poils d'un âne !!!! Mais pour qui me prend-on !" de Madame Fichini, peut-être bien, elle, je m'en souviens bien, n'aimait pas Cadichon !!!
 
Revenons au fait, Empédocle est un philosophe grec excentrique, (pas centriste,ni centripète, plutôt centrifuge,donc) et végétarien, en accord avec sa théorie de transmigration des âmes des êtres vivants - car unique est le souffle qui parcourt tout l'univers - né à Agrigente au ve siècle av. J.-C., théoricien des quatre éléments « toute la matière, dit-il,  est constituée de quatre éléments, l'eau, la terre, l'air et le feu. » poète,ingénieur, médecin et thaumaturge. Il était obsédé par le feu de l'Etna dans lequel, se croyant immortel, il finira ...par se jeter. 

Maismaismaismais... le volcan recracha ses sandales de bronze, ce qui prouve s'il en était besoin, mais, hein, c'est ça qui compte, son statut de mortel.  

Le  poème de Leconte de Lisle en relate la légende. Dur à lire à cause des images mythologiques, mais bon, c'est le seul poème que j'ai trouvé sur lui (Empédocle). Je m'amuserai un jour à le simplifier pour en dégager "la substantifique moelle" afin de voir en quoi consiste sa consistance... 

 

Les Sandales d’Empédocle
 
Dieu jeune, agile et fier, modérateur du temps,
Le fils d'Hypérion, aux coursiers éclatants,
Illuminant les cieux de flamme originelle,
Envahissait au loin la campagne éternelle.
Courbé sur le quadrige, et les rênes en main,
Par flots de poudre d'or il frayait son chemin.
La blanche Séléné que te regard oublie
Dans l'éclat fraternel mourait ensevelie ;
Et les astres, penchés sur l'horizon naissant,
Du sidéral empire allaient disparaissant.
Sous les baisers du Dieu la terre frissonnante
Revotait du plaisir la rougeur rayonnante ;
L'Océan murmurait : un souffle égal et pur
D'un immense soupir gonflait son scia d'azur.
Or, sur le vieil Etna, noir géant de la terre,
Le sage vers les cieux leva son front austère,
Et triste, contemplant le monde jeune et beau.
Il salua la vie, au bord de son tombeau.



O fille de Vesta, reine aimable, honorée,
Qui ceins ton front riant d'une gerbe dorée,
Mère des épis mûrs, nourrice des humains.
Tous les dieux t'ont bénie au sortir de leurs mains !
Ile heureuse, salut ! Toi dont le pied humide
Trempe aux flots d'Ausonie et dans la mer numide,
Moissonneuse immortelle au verdoyant trésor,
Salut, blonde Sicile ! — En son divin essor,
Caressant ta beauté de ses tièdes haleines
Un vent générateur alimente tes plaines !
De tes grandes cités le groupe glorieux
Pare d'un mâle éclat tes flancs victorieux :
Là, règne Sélinonte aux monuments épiques,
Syracuse féconde aux coursiers olympiques,
Et la douce Agrigente, au fleuve consacré,
Ou sentant une flamme en mon cœur inspiré,
Dans la jeune ferveur de mes sollicitudes,
Je goûtai le nectar des divines études !
Doux pays où les dieux ont mûri mon été,
Adieu ! je vais plonger aux ondes du Léthé...
Pour la dernière fois, adieu, terre si belle,

Rejeton florissant de l'antique Cybèle !
Adieu, cité natale, air pur ! bords embaumés,
Je ne foulerai plus vos sentiers bien aimés ;
Mes yeux jamais, beau ciel, ne reverront ta gloire !
Et toi, puissant Etna, tombeau de ma mémoire,
Aux cendres d'Empédocle ouvre ton urne en feu,
Donne une paix sublime au sage.
Fais un Dieu l
Comme un son qui finit, comme un éclair qui passe,
Affranchis-moi du temps, du nombre et de l'espace
;
Et rejetant sur moi ton poids amoncelé,
Que je rentre au repos que la vie a troublé !


L'abîme le reçut dans son ombre brûlante...
Et toi, qui de rosée au loin étincelante,
Souriais, amoureuse, à l'approche du Dieu,
Non, tu n'entendis rien de ce suprême adieu !
L'harmonieux concert de Téthys et d'Eole
Etouffa de ton fils la dernière parole...
Mais l'Etna bondissant et d'éclairs hérissé
Rugit comme un lion profondément blessé ;
Et rejetant,
tout plein de forces inconnues,
Rochers, neiges et bois au sein des vastes nues,
Roula, comme un trésor, dans ses flots flamboyants,
Les sandales du sage en tes vallons riants !

O mère du poète, idéale patrie,
D'un chaud soleil dorée, — abondante et fleurie !

Ile au splendide abord, aux vallons merveilleux,
Que l'océan du ciel baigne de ses flots bleus !
Oh ! que ton air est pur ! oh ! que ta plaine est belle !
Jamais au soc divin elle ne fut rebelle :
La lyre y fait germer aux sillons radieux
L'Elysée et l'Eden, les anges et les dieux,
Et féconde, aux chaleurs d'un éternel solstice.
L'harmonie et l'amour, la gloire et la justice !
Un fleuve au large cours, doux Léthé de douleurs,
Y chante sous l'azur les rayons et les fleurs,
Et parfois de ses eaux, à la terre altérée,
Le poète dispense une goutte sacrée !
Citer et beau paradis ! ô jeune et frais séjour !
Nid d'Eve et de Vénus, baigné d'un chaste jour !
Toi qui, sans t'épuiser, mesure avec largesse
A l'artiste l'amour, au vieillard la sagesse ;
Ah ! si l'enfant, bercé sur ton sein maternel,
Veut descendre avant Cage au repos éternel ;
Le cœur chargé d'ennuis, las d'un songe sublime,
Avare, s'il emporte avec lui dans l'abîme,
Effaçant de ses pas la trace en tout endroit,
L'héritage de gloire auquel le monde a droit...
O mère ! qu'un volcan expiatoire gronde,
Et déchirant ton sein d'une flamme profonde,
Rende à l'humanité, de tout repos bannie,
Le souvenir du sage ou les chants du génie !

 
(Lui qui ...)
Sur le cahier où, vers seize ou dix-sept ans, il copiait ses morceaux favoris,
on lit des vers de Parny, de Lamartine.
Quelqu'un lui mit entre les mains Les Orientales... Il en fut enthousiasmé et il écrivit, bien des années plus tard : 
« Ces beaux vers si nouveaux et si éclatants, furent pour toute une génération prochaine une révélation de la vraie Poésie. Je ne puis me rappeler, pour ma part, sans un profond sentiment de reconnaissance,
l'impression soudaine que je ressentis, tout jeune encore, quand ce livre me fut donné autrefois sur les montagnes de mon île natale, quand j'eus cette vision d'un monde plein de lumière, quand j'admirai cette richesse d'images si neuves et si hardies, ce mouvement lyrique irrésistible, cette langue précise et sonore. Ce fut comme une immense et brusque clarté illuminant la mer, les montagnes, les bois, la nature de mon pays, dont jusqu'alors je n'avais entrevu la beauté et le charme étrange que dans les sensations confuses et inconscientes de l'enfance. »
 
(C'est vrai qu')
à dix-sept ans, il  suit le goût du temps et le penchant de son âge donnant dans l'élégiaque et le sentimental
 
Dans les Orientales,
il copie "Grenade" et "L'Enfant Grec", où le pittoresque domine,
mais aussi "Fantômes", qui est un morceau de pur sentiment,
pêle-mêle avec quelques pièces des "Feuilles d'automne", "le Désespoir" de Lamartine, 
son appel au peuple de 1830 Contre la Peine de Mort,*et une poésie d'un auteur inconnu, "Les Deux Muses" (la Muse classique et la Muse romantique), à la fin de laquelle il écrit naïvement: « Sublime! »
Son admiration se trompe quelquefois d'objet.
 
 

 

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