A l'atelier Poésie en mars, Le pouvoir des fables, de Jean de La Fontaine

Publié le par Claire Antoine

Affiche d'un spectacle de 2013 au théâtre du Ranelagh

Affiche d'un spectacle de 2013 au théâtre du Ranelagh

                              Une fable : un récit, en vers, une argumentation, une saynète

 

Jean de La Fontaine (1621 - 1695)


Deuxième partie d'une longue fable, dont la première est une adresse à M. de Barillon, ambassadeur de France en Angleterre, au moment où la France pourrait voir se liguer contre elle plusieurs Etats européens. Il lui incombe la charge de convaincre le roi d'Angleterre de soutenir Louis XIV


        Le pouvoir des fables ( deuxième partie) 

Dans Athène (1) autrefois peuple vain et léger,
Un Orateur voyant sa patrie en danger,
Courut à la Tribune ; et d'un art tyrannique,
Voulant forcer les cœurs dans une république,
Il parla fortement sur le commun salut.
On ne l'écoutait pas : l'Orateur recourut
               A ces figures violentes
Qui savent exciter les âmes les plus lentes.
Il fit parler les morts, tonna, dit ce qu'il put.
Le vent emporta tout ; personne ne s'émut.
               L'animal aux têtes frivoles
Etant fait à ces traits (2), ne daignait l'écouter.
Tous regardaient ailleurs : il en vit s'arrêter
A des combats d'enfants, et point à ses paroles.
Que fit le harangueur ? Il prit un autre tour.
Cérès (3) , commença-t-il, faisait voyage un jour
               Avec l'Anguille et l'Hirondelle :
Un fleuve les arrête ; et l'Anguille en nageant,
               Comme l'Hirondelle en volant,
Le traversa bientôt. L'assemblée à l'instant
Cria tout d'une voix : Et Cérès, que fit-elle ?
               Ce qu'elle fit ? un prompt courroux
               L'anima d'abord contre vous.
Quoi, de contes d'enfants son peuple s'embarrasse !
               Et du péril qui le menace
Lui seul entre les Grecs il néglige l'effet !
Que ne demandez-vous ce que Philippe (4) fait ?
               A ce reproche l'assemblée,
               Par l'apologue réveillée,
               Se donne entière à l'Orateur :
               Un trait de fable en eut l'honneur.


Nous sommes tous d'Athène en ce point ; et moi-même,
Au moment que je fais cette moralité,
               Si Peau d'âne (5) m'était conté,
               J'y prendrais un plaisir extrême,
Le monde est vieux, dit-on : je le crois, cependant
Il le faut amuser encor comme un enfant.


1; Athène : pour éviter la liaison.
2. "fait à ces traits" : habitué à cette rhétorique
3. Cérès : déesse des moissons et de l'agriculture.
4. Philippe : Philippe de Macédoine, ennemi des Grecs. L'orateur est donc Démosthène.
5. Le terme représente le conte populaire en général. Le conte de Perrault est de 1694/5

Analyse et exercice  

Récit dialogué

2 personnages dont l'un cherche à influencer l'autre, et y arrive...

 

 

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