Retour sur le Mardi-Poésie du 3 mai 2016 à Queuleu avec un poème d' Arlette Humbert-Laroche sur le thème, le ''Je'' du poète résistant; 1 Lien : Actes du colloque Femmes résistantes du 27 mai 2014
Actes du colloque Femmes résistantes, organisé le 27 mai 2014 dans le cadre de la première commémoration, au Sénat, de la Journée nationale de la Résistance : Actes du colloque Femmes résis...
Retour, le 26 mars 2022, sur Arlette Humbert-Laroche en vibrant hommage à toutes les femmes résistantes dans cet aujourd'hui menaçant qui est le nôtre, dans tous "les coins" de la planète "si bleue, si ronde"...
Enonciation tragique Deux contextes
- 1943 et la résistance, le soutien aux vivants qui ne voient plus que le chaos du monde en voie de disparition dans la violence et la mort
- 1946 Arlette est morte dans un camp de concentration
Le poème se lit en tension entre le destin de la poète et celui de la menace fatale qui pèse sur la société pour l'avenir de laquelle, dans l'ombre de la clandestinité elle se bat.
("Poèmes" - éditions Réalité, 1946)
Le "On" tue s'oppose au "Je" l'ai vu, le soleil ...énergie au fond de toutes choses, figure de la "vis", force vitale qui tout comme la mort qui rode dans le début du poème, en anaphore et se déplace "partout" "d'un bout de la terre ...- devenue "éponge monstrueuse" vampirisant le labeur humain pendant qu'elle se fractur[e] (...) s'affaisse et se replie" -... à l'autre". Elle s'oppose fortement "Pourtant" à l'astre des jours dont la "latente énergie" venue du plus profond devrait la sortir, l'extirper de sa torpeur nocturne.
Le soleil devenu un héros, puissant, vigoureux, le même que celui dont rêve l' Antigone d'Anouilh un Hémon "Jeune, fort, exigeant" et qui n'accepte pas "les ténèbres".
On tue,d'un bout de la terre à l'autre,
On tue,
La nuit on peut voir
Dans l'énorme et indifférente solitude de l'eau
Les cadavres
Qui ont encore leurs dernières larmes
À leurs faces de linge
Tournées vers le ciel noir.
On tue aux courbes fleuries des fleuves,
On tue aux flancs chauds des montagnes,
On tue dans les villes où le tocsin qui sonne
Crie la douleur des dômes saignants
Et des cathédrales éclatées.
Là, depuis des siècles, des siècles on a travaillé,
Mais la terre est soudain devenue
Une éponge monstrueuse
Buvant la longue patience des hommes.
Pourtant, le soleil est là.
Je l'ai vu ce matin
Jeune, fort, exigeant.
Il ruisselait sur les toits
Il mordait au coeur des arbres,
Il empoignait la ville aux épaules
Et réclamait de la terre son réveil.
Il est là.
Il est au fond de toutes choses
Et, devant ce monde qui s'entrouvre, s'affaisse et se replie
Il y a la mystérieuse et latente énergie
Qui refuse les ténèbres
Et ne veut pas qu'on tue la vie.