Atelier Poésie du 12 mai - Des Muses de Chénier à "la dernière gerbe", recueil posthume de Victor Hugo
Restons un peu avec Chénier et le long poème qui commence par le vers suivant
" Ô Muses, accourez; solitaires divines,
Amantes des ruisseaux, des grottes, des collines !"
Lectures plurielles
A la recherche des noms propres qui ponctuent et structurent le poème mais surtout qui élargissent l'imaginaire tout en le rabattant sur des lieux réels ou imaginaires "topoï/loci".
Lieux bibliques avec Booz et son épouse Ruth,
Joseph dans Sichem
Rachel, "objet sans prix d'un amoureux courage", celui de Jacob.
Lieux rassemblés en un seul, amoenus, champêtre,
lieu "des bords retirés"
"Oh ! oui, je veux un jour(...) y vivre, avoir des amis(...) savourer(...)une paix dont rien n'égale les plaisirs"
Et les Muses..."réelles", de la littérature, plus précisément du roman "épistolaire", en vogue à la fin du XVIIIe,
Julie, celle de Saint Preux, sous l'égide du Rousseau de la Nouvelle Héloïse qui s'inspire de l'"ancienne" l'Héloïse d'Abélard, histoire de renonciation sublimée...Mais, elle, la nouvelle Julie mourra après avoir sauvé son fils de la noyade...
Il y a Clarisse aussi, la volubile Clarisse Harlowe de Richarson, violée par Lovelace qui retrouve son honneur...allongée dans un cercueil/monument...
Clémentine, "la nouvelle" aussi, celle d'un romancier considéré comme mineur tant il pastiche "la Nouvelle Héloïse", ...Des amants séparés vont aussi mourir d'amour, mais là ils seront tous les deux, unis, dans le même tombeau
Rappelons que la principale muse de Chénier...c'est Camille - son prénom commence aussi par un C...
Les deux vers de fin sont les suivants :
"Chercher si quelques lieux ont une Clémentine,
Et dans quelque désert, loin des regards jaloux(...)"
Bref
la fin du texte rappelle Alceste qui à la fin du Misanthrope
dit : "Trahi de toutes parts, accablé d'injustice,
Je vais sortir d'un gouffre où triomphent les vices
Et chercher sur la terre, un endroit écarté
Où être homme d'honneur on ait la liberté."
Ensuite un texte de Victor Hugo, édité à titre posthume, on va dire, lui aussi...( rappel, Chénier n'a pas été édité de son vivant).
Il s'adresse à Chénier et évoque lui aussi la prude hypocrite "Alizon la sucrée" de La Fontaine, Clarisse et la Muse, mais aussi Myrrha qui, dans la mythologie, après avoir violé son père, fuit, est changée en arbre et donne naissance, par la fente de son écorce...à Adonis !!!
La Muse étant bien sûr, au-delà de toutes ces images "licencieuses", érotiques, l'allégorie de l'inspiration , poétique ! Yes ! Indeed...
"On devinait son sein divin, son dos charmant,
Mais mon vers, obligé de peintre, se désole..."
L'imagination amoureuse, le voile, le mystère, contre le "réalisme" qui rend muet...
Exercice en 2 parties : 1) les lieux qui éveillent l'imagination
Ô Muses, accourez où que vous vous trouviez !
Soit que (...)
Soit que (...)
Soit que (...)
Venez ! (...)
2) Ce qu'on attend d'elles...
Oh ! Oui, je veux un jour...
Avoir (...)
Là ! Je veux (...)
Vivre (...)
Avoir (...)
Savourer (...)