Relais VŒUX des Amis de Verlaine
A Nouvel An, nouvel élan.
Amies et amis poètes, vous, professeurs d’espérance et de rêve, que cette nouvelle année couronnée de santé, de prospérité et de douceur soit une année d’accomplissement de tous vos meilleurs vœux dans l’immuable création poétique.
Il nous faut surmonter tous les accablements, toutes les cruautés,toutes les injustices,toutes les déceptions, toutes les incohérences pour garder une âme forte, belle et sereine par-dessus tout.
XII
Vous voilà, vous voilà, pauvres bonnes pensées !
L’espoir qu’il faut, regret des grâces dépensées,
Douceur de cœur avec sévérité d’esprit,
Et cette vigilance, et le calme prescrit,
Et toutes ! — Mais encor lentes, bien éveillées,
Bien d’aplomb, mais encor timides, débrouillées
À peine du lourd rêve et de la tiède nuit.
C’est à qui de vous va plus gauche, l’une suit
L’autre, et toutes ont peur du vaste clair de lune.
« Telles, quand des brebis sortent d’un clos. C’est une,
Puis deux, puis trois. Le reste est là, les yeux baissés,
La tête à terre, et l’air des plus embarrassés,
Faisant ce que fait leur chef de file : il s’arrête,
Elles s’arrêtent tour à tour, posant leur tête
Sur son dos, simplement et sans savoir pourquoi (*). »
Votre pasteur, ô mes brebis, ce n’est pas moi,
C’est un meilleur, un bien meilleur, qui sait les causes,
Lui qui vous tint longtemps et si longtemps là closes,
Mais qui vous délivra de sa main au temps vrai.
Suivez-le. Sa houlette est bonne.
Et je serai,
Sous sa voix toujours douce à votre ennui qui bêle,
Je serai, moi, par vos chemins, son chien fidèle.
In Sagesse III, Paul Verlaine