A l'écoute des poèmes d'Anne Blanchot-Philippi à la Maison de Verlaine

Publié le par Claire (C.A.-L.)

                         Maison de Verlaine - Metz 

Petit Salon  du vendredi, "A la découverte des poèmes

           d'Anne Blanchot-Philippi" 1928-1985

Lectures à quatre voix, d'une trentaine de poèmes, du souvenir,

ancrés  profondément et amoureusement

en terre lorraine et luxembourgeoise

                         Quelques réflexions au fil du clavier... 

  Enseignante et poète, française par son père et luxembourgeoise par sa mère, elle a vécu toute sa jeunesse à Audun le Tiche, dans cette région où la nuit, le ciel saignait, rappelant les couleurs diurnes de la terre  à fer.

Si souvent les poèmes d'Anne Philippi évoquent le bleu,

celui des "palmiers bleus", celui d'un paysage rêvé, d'un ailleurs, méridional, fermement repoussé sans peur, dans  un dernier vers,

ou celui de l'oiseau des contes de fées,

c'est le rouge, des saignées de terre rouge, qui est le  filon conducteur de ses vers, photographies sensibles d'un monde dans lequel elle se reconnaît - monde, aujourd'hui, tout comme elle, disparu.     

Une soirée, hélas trop courte, mais qui a joué son rôle, en donnant envie d'en savoir plus sur cette femme, à l'écriture pleine de délicatesse, d'humour et de profonde mélancolie.

D'imprévisibles lueurs tranchent parfois brusquement avec l'ensemble et comme secrètement font sentir le caractère douloureux de l'amour qui la reliait viscéralement aux lieux et aux gens "d'ici", dont ont fait partie Marcel Mercier et Jean Morette, ces artistes qui sculptèrent de leurs mains  pleines des paysages  dessinés ou musicaux.

Et la poète, revêt l'apparence d'une "Lorelei cruelle" qui se tord,   "envoûtée par le fer" du "fond des nuits"... 

Avec une apparence de simplicité, en mots attachants,  elle fait passer au rang d'objet à aimer,  un paysage aux couleurs infernales, celui de sa jeunesse, de son "paradis perdu" embrasé et dévalorisé, où s'inscrit le progrès technique à son point d'incandescence, au moment où il ne peut que se résorber.

C'est en magicienne qu'elle nomme et rassemble autour d'elle, les villes en ange,  "de la vallée des anges" chantée par Bernard Lavilliers... à la manière de Blanche neige qui fait naître à l'humanité les petits nains de la montagne.

Elle se heurte à l'idée de "frontière", qu'elle a beau tourner dans tous les sens, ramener à elle ou transposer en dehors de son corps, là où se posent ses yeux, mais elle ne la comprend pas.

                      Son pays mental, est  soudé  à sa terre rouge.

Luxembourgeoise et française, plurilingue ( anglais, luxembourgeois, allemand), elle connaît bien la mine et les mineurs, bien qu'un peu extérieure à leur quotidien; étant plutôt du côté des cols blancs que de celui des "Iroquois" au visage rouge. Elle partage l'air qu'ils respirent, souffre des mêmes maux. A la tangente de plusieurs mondes, elle frôle, soulève, parfois allusivement,  des questions qu'elle laisse en suspens, caresse délicatement, traçant avec amour les contours du monde qui est le sien, dont elle ne veut pas s'éloigner, dont elle se sent comme responsable, elle qui sait voir et transmettre la beauté des choses. 

                                                                                     Claire Antoine          

 

                             Court extrait du poème intitulé "Frontière" 

   

                                 FRONTIÈRE 

Si ma frontière était de Peau, 

Je comprendrais le mot, peut-être, 

Mais ma frontière entre les hêtres, 

Frontière entre les nids d'oiseau ! 

Frontière entre les aubépines, 

Entre deux brins de joli-bois, 

Qui chemine entre toi et moi 

Sur le versant de la colline(...) 

*

 

Georges SCHEHADE "D'abord derrière les roses il n'y a pas de singes  Il y a un enfant qui a les yeux tourmentés    *** Il y a des jardins    qui n'ont plus de pays   Et qui sont seuls avec l'eau  Des colombes les traversent bleues et sans nids"

Georges SCHEHADE "D'abord derrière les roses il n'y a pas de singes Il y a un enfant qui a les yeux tourmentés *** Il y a des jardins qui n'ont plus de pays Et qui sont seuls avec l'eau Des colombes les traversent bleues et sans nids"

Publié dans Carte Blanche MDV

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G
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