"Instants poétiques" sur Radio Jerico, au cours de l'été 2013,"Sagesse" de Paul Verlaine

Publié le par Claire (C.A.-L.)

"Instants poétiques" sur Radio Jerico, au cours de l'été 2013,"Sagesse" de  Paul Verlaine

Aujourd'hui je vais vous faire entendre des vers de Paul Verlaine, extraits de Sagesse un recueil de 48 pièces qui paraît pour sa première édition, en 1880, à compte d'auteur.

En 2014, Verlaine donnera lieu, à Metz, à de très nombreux événements musicaux et artistiques, dans différents lieux, à l'arsenal, à l'Eglise Notre Dame, dans les médiathèques municipales et bien sûr à la Maison de Verlaine, sa maison natale.

Les vers, à la thématique chrétienne, que vous allez entendre aujourd'hui ont été écrits quelques années après sa conversion et après un long silence poétique. Ils sont relativement peu connus.

Il est, à l'époque où paraît Sagesse à la recherche d'une poésie objective, impersonnelle qui "respirerait largement".

***

"Ô mon Dieu, vous m'avez blessé d'amour"


Ô mon Dieu, vous m'avez blessé d'amour
Et la blessure est encore vibrante,
Ô mon Dieu, vous m'avez blessé d'amour.


Ô mon Dieu, votre crainte m'a frappé
Et la brûlure est encor là qui tonne,
Ô mon Dieu, votre crainte m'a frappé.


Ô mon Dieu, j'ai connu que tout est vil
Et votre gloire en moi s'est installée,
Ô mon Dieu, j'ai connu que tout est vil.


Noyez mon âme aux flots de votre Vin,
Fondez ma vie au Pain de votre table,
Noyez mon âme aux flots de votre Vin.


Voici mon sang que je n'ai pas versé,
Voici ma chair indigne de souffrance,
Voici mon sang que je n'ai pas versé.


Voici mon front qui n'a pu que rougir,
Pour l'escabeau de vos pieds adorables,
Voici mon front qui n'a pu que rougir.


Voici mes mains qui n'ont pas travaillé,
Pour les charbons ardents et l'encens rare,
Voici mes mains qui n'ont pas travaillé.


Voici mon coeur qui n'a battu qu'en vain,
Pour palpiter aux ronces du Calvaire,
Voici mon coeur qui n'a battu qu'en vain.


Voici mes pieds, frivoles voyageurs,
Pour accourir au cri de votre grâce,
Voici mes pieds, frivoles voyageurs.


Voici ma voix, bruit maussade et menteur,
Pour les reproches de la Pénitence,
Voici ma voix, bruit maussade et menteur.


Voici mes yeux, luminaires d'erreur
Pour être éteints aux pleurs de la prière,
Voici mes yeux, luminaires d'erreur.


Hélas ! Vous, Dieu d'offrande et de pardon,
Quel est le puits de mon ingratitude,
Hélas ! Vous, Dieu d'offrande et de pardon,


Dieu de terreur et Dieu de sainteté,
Hélas ! ce noir abîme de mon crime,
Dieu de terreur et Dieu de sainteté,


Vous, Dieu de paix, de joie et de bonheur,
Toutes mes peurs, toutes mes ignorances,
Vous, Dieu de paix, de joie et de bonheur,


Vous connaissez tout cela, tout cela,
Et que je suis plus pauvre que personne,
Vous connaissez tout cela, tout cela,


Mais ce que j'ai, mon Dieu, je vous le donne.

***

Et le poème de la repentance, si connu pour son implacable douceur mélancolique ...

Le ciel est, par-dessus le toit,
Si beau, si calme!
Un arbre, par-dessus le toit,
Berce sa palme.


La cloche, dans le ciel qu'on voit,
Doucement tinte,
Un oiseau sur l'arbre qu'on voit,
Chante sa plainte.


Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là,
Simple et tranquille.
Cette paisible rumeur-là
Vient de la ville.


-Qu'as-tu fait, ô toi que voilà
Pleurant sans cesse,
Dis, qu'as-tu fait, toi que voilà,
De ta jeunesse ?

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