109 Ne pas voir
NON ! Simplement Penser l'impensable.
NON ! S'horrifier de Penser le salace
NON ! Se fermer les yeux de Penser l'abominable et le monstrueux.
Une histoire qui raconterait qui détaillerait des choses horribles
Des choses horribles dont on dirait qu'elles ne doivent pas se produire, jamais,
Jamais jamais
Mais qui les montrerait pour qu'on les voit bien
Pour qu'on dise - enfin - c'est horrible
Et les conséquences de ces choses horribles vont se poursuivre longtemps et loin loin
Je les hais ces choses. Elles me font horreur.
Je ne veux pas les regarder.
La pauvre. Comme elle souffre. Et lui aussi. Je pleure. Et je regarde je regarde et je veux comprendre. Et ce serait tout aussi horrible si de telles choses horribles m'arrivaient.
Je les regarde pour ne pas les penser. Je pense qu'il ne devrait pas être possible de penser l'impensable. Je pense le salace et je m'horrifie.
Je vois dans ma tête le monstrueux et je dis Mon Dieu pardonnez-leur d'être si monstrueux. Et je ferme les yeux et j'enferme dans ma tête le monstre. Et ma tête monstrueuse se déforme difforme.
Et je dis je voudrais que tout soit comme avant - je voudrais n'avoir pas vu l'horrible et je veux qu'il sorte de ma tête que ces horribles choses se dissolvent. Et je dis qu'elles doivent être oubliées. Elles n'ont jamais existé.
Non.
Au vers 251 dans Phèdre, Racine fait dire à l'un de ses personnages : "Oublions-les, Madame. Et qu'à tout l'avenir, un silence éternel cache ce souvenir."
Elle ne doit pas mourir. Mais elle meurt. C'est ça. Elle meurt.
Je condamne et je plains. Je pleure pour elle. Et je repousse et je condamne. Et je ne peux m'empêcher de regarder et Meine Mutter ist es nicht. J'ai lu quelque part la phrase suivante que je prends délibérément pour un aphorisme : Le désir affirme d'autant mieux sa puissance et se révèle d'autant plus séduisant et poignant qu'il est plus irrémédiablement nié...