"Faux retour" Saynète "mythologique" en vers. 3 tableaux pour 6F et 2H.

Publié le par Claire (C.A.-L.)

Faux retour

 de

Claire-Marie Antoine
                                                               L'échelle aux disparus
                                                                     Aquarelle CARANT

 Genre saynète mythologique  en vers
durée : 10/12 mn

Décor nu avec uniquement selon le choix de la mise en scène quelques objets symboliques. Il en est de même pour les costumes. Selon l'interprétation.
Deux lieux : un vestibule / une chambre

2 personnages masculins : Simon ( 55 ans ) et son petit fils Veilleur ( 16 ans )
6 personnages féminins : Ariane, Aube ( 2 grands mères ); Hélène ( 55 ans ); Ophélie ( 35 ans ); Corinne et Blandine ( plus jeunes ).

Simon marié à Hélène; parents de 3 filles, Ophélie et son  fils Veilleur;  Corinne et Blandine;
Ariane mère de SimonAube belle-mère de Simon 

Public visé : adultes et ados

Résumé.
Simon a fait un malaise et revient de l'hôpital. Il est le pivot d'une famille de type matriarcal. A son retour il prend conscience de la raison profonde de son mal, grâce à un songe où il voit défiler les «femmes» qui cadrent sa vie. Il sera sauvé par son petit-fils.



I

Dans le vestibule, Aube et Ariane cousent

Aube

C'est donc ce matin que ton fils Simon revient.

Ariane

Oui. L'hôpital a téléphoné. Il va bien.

Aube

Il manque ici dans la maison. Ma fille est triste.

Ariane

Personne d'autre ne peut faire ce qu'il fait

Aube

Ses filles l'adorent. Mais il n'est pas parfait.

Ariane

Je suis sa mère...Mais je reste réaliste.

Aube

Dans le passé, il a beaucoup trompé sa femme
Il n'a pas d'excuses. Qu'il paye, maintenant.

Ariane

Voyons, Aube, il y a aujourd'hui prescription !

Aube

A-ri-a-ne !! Ma fille a souffert ! Attention !!

Ariane

Elle a pardonné. C'est vous qui en faites un drame.
Les souvenirs qui vous obsèdent sont très gênants.

Aube

Parfois les choses ne peuvent ni ne doivent
S'effacer. Il faut cependant le retenir.

Ariane

Attendons. Peut-être aujourd'hui a-t-il changé...

Aube

Il ne va pas tarder. Préparons à manger.

Ariane

Tu as raison. Il faut qu'il ne s'aperçoive
de rien. Il faut à tout prix tous les soutenir.

( Elles sortent . Noir)


II


Chambre de Simon ( lieu de plusieurs rencontres fantomatiques )

Simon ( seul, debout, au centre )

De retour. Dois-je dire enfin ou bien hélas ?
Tout à l'heure encore, au milieu des embrassades
Je me suis senti oppressé. Mon cœur s'est mis
à accélérer et ma gorge à se serrer
J'ai demandé très vite qu'on me laisse seul
En cercle devant moi – en attente de quoi ? -
toutes ces femmes rassemblées semblant guetter
Un signe d'encouragement ou de faiblesse.
Bien avant mon malaise déjà j'allais mal.

Il s'assoit sur une chaise qui est un peu décentrée.
Le niveau de la lumière baisse. Un rond de lumière suivra les femmes qui vont entrer et dialoguer avec lui. Comme s'il les convoquait les unes après les autres.
Il restera dans la pénombre, assis.

Arrive Ariane décidée

Simon

Ah ! Ma mère, ma mère, Ariane aide-moi !


Ariane

Là mon fils, là, où es-tu, je sens ta présence

Simon

Je suis si bizarre. Je veux savoir pourquoi.

Ariane

On ne m'avait pas avertie de tes absences

Simon

Et puis je ne sais pas si j'ai besoin de toi.

Ariane

Tu nous as quittés brusquement, moi et ton père.

Simon

Un retour à l'enfance m'étreint quelquefois

Ariane

Je garde au fond de moi des souvenirs amers

Simon

Non. Pas chez toi. Près de toi je m'assois...

Ariane

Tu nous as manqué. Ton bonheur était ailleurs...

Simon

...Quand même malgré moi. Dis-donc ce que tu vois...

Ariane

Et j'ai cru t'oublier. Mais je compte les heures.




Ariane s'éloigne




Simon

Toi, Hélène, la mère de mes filles ...Je

Hélène

Simon tu vas revenir et je tiens à me...

Simon

...veux te dire quelque chose, mais je ne sais...

Hélène

...rappeler de ce qui entre nous s'est défait...

Simon

...plus. Je t'ai aimée je crois. Tu manquais de temps...

Hélène

...ça s'est passé longtemps entre nous gentiment.

Simon

...pour pouvoir me connaître. Tu étais si belle !

Hélène

Tu me disais, je te croyais, que j'étais belle !

Simon

Servi comme un prince dans sa prison d'amour...

Hélène

Je te disais crois-tu que ce soit pour toujours ?

Simon

...comblé, ingurgité...Mais seule Aube comptait...



Aube arrive sans bruit en glissant agrippe Hélène par le bras. Elle s'échappe et disparaît




Simon

Femme dont le visage m'apparaît soudain
Effaçant tous les autres... qui est cette femme ?

Aube

Simon Simon pas avec moi pas ce jeu-là.
Jamais toi tu ne gagneras sur ce terrain.
Je suis ta belle-mère et je connais les hommes.

Simon

Aube ! C'est toi. Aube. Le pivot de ma famille

Aube

Tu as tort d'ironiser. Parlons de ma fille

Simon

Ta fille c'est ma femme et laisse-nous tranquilles

Aube

Mon Hélène est fragile et sans moi vire folle

Simon

Tiens une prophétie . Tu te crois certes habile.

Aube

Soutenir ma famille fait partie de mon rôle

Simon

Tu t'imposes d'une façon si naturelle

Aube

Ton naturel à toi  fut de jouer les rebelles

Simon

Le rôle de censeur te seyait à merveille

Aube

J'aurais tant voulu que ma fille se réveille.

Arrivent  ensemble en se tenant par la main et dansant une sorte de joyeuse farandole
Ophélie, Corinne et Blandine. les filles de Simon. Elles sont adultes, mais là il les voit enfants. Elles doivent être rajeunies, vêtues de robes légères
Elles passent devant Aube qui  reste en arrière plan et les surveille

Ophélie

Papa nous t'attendons impatiemment !

Corinne

Oh ! Oui papa tu nous manques  beaucoup vraiment.

Blandine

Nous parlons  tous les jours de toi, avec maman.

Blandine

Nous avons fait …

Corinne

... de beaux bouquets...

Ophélie

 ...de fleurs pour toi.

Aube 

Rentrons mes princesses vous allez prendre froid.


 
Et toutes les quatre elles s'en vont entraînant leur grand-mère dans leur ronde.                        Simon, se raidit mais reste muet.


                                                                  NOIR

                                                                      III

Sur la scène sont rassemblées toutes les femmes. Aube et Hélène soupirent, accablées. Ariane est active. Ophélie, Corinne et Blandine disposent avec bien du mal des fleurs dans un vase. Simon arrive, de sa chambre.

Simon

Eh ! Quoi ? Quelles têtes ! Quelqu'un est mort, ici ?

Elles se ressaisissent un peu. Affichent une gaité forcée.

Ariane

Bonjour mon chéri. Assieds-toi là. Je vois bien
que tu vas mieux. Mais ne reste pas debout. Viens !


Simon

Oui Maman. Oui Aube. Oui à Hélène aussi
A Blandine, Corinne, Ophélie et son fils.

Aube ( à Ophélie)

Vrai. Il devrait être là ! Où est donc ton fils ?
Son père est parti et tu es faible avec lui.

Hélène

Tais-toi maman. Tu sais bien que Veilleur s'ennuie
dans notre maison. Il l'a re-répété hier.
Entre lui et nous il y a une barrière.
Et voici que depuis quelques jours il nous fuit.

Ophélie

S'il-vous-plaît, c'est à moi sa mère de parler.


Aube

Oui, c'est toi mais tu n'as aucune autorité.


Simon

Le seul homme de la maison en mon absence ...
Si vous n'avez pas cessé de vous chamailler
De vous opposer au nom de l'autorité !
Il s'autorise à vous priver de sa présence.
Je l'approuve totalement. Si j'avais pu
osé...et comme lui j'aurais interrompu...

Aube ( à Ariane )

Fais donc taire ton fils. Allez le recoucher.


Veilleur arrive en plongeur / skyper. Les unes après les autres elles crient

Veilleur ! ( 6 fois pour faire un alexandrin )


Veilleur ( à Simon )

Nous avons retardé notre départ d'un mois
Pour que tu nous accompagnes. Comme prévu.
Nous largons les amarres et t'attendons dehors.


Ophélie

Veilleur ! Nous n'étions pas au courant. Même à moi
Tu n'as rien révélé ! Votre départ prévu !!!!
Mais papa est malade et toi bien jeune encore


Veilleur
Nous reviendrons plus forts. Le jour est arrivé.
Tu n'as pas pu entendre. Je ne t'ai rien caché.
Voguer sur l'océan, papy en a rêvé
C'est aujourd'hui que l'occasion lui est donnée
de vivre au gré des flots sa convalescence
Sitôt notre retour, nous vous raconterons
la mer et les étoiles et leur magnifiscence.

Tous les deux ils s'en vont sans se retourner. Veilleur soutient Simon.
Les femmes les regardent partir les yeux vides.





Publié dans autour du théâtre

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