Petit billet meli melo ''Esprit complotiste/Pensée critique/ Moralisme'' - Pour du solide qui donne à penser : 4 Liens 1) etudes-litteraires.com, ''Arrias'' de La Bruyère; 2) podcast La grande Table, France culture : ''le vrai du faux de Frédéric Lordon; 3) books.openedition.org ''Les rhétoriques de la conspiration'' dir E. Danblon; 4) fayard.fr ''Court traité de complotologie'' P-A Taguieff

Publié le par Claire Antoine

                                                             Effet-miroir...

Pour en revenir encore ( encore ! ) au mot·insulte disqualifiant·e et clôture de tout  échange verbal,  celui de "complotiste" , un avatar du point Goldwin (expression que j'ai apprise récemment) - petit mot que l'on jette au pied de quelqu'un comme on jetait un gant, au XVIIe pour provoquer un duel, "à la vie à la mort", ce petit nom ou adjectif n'est évidemment pas un néologisme. Il vient de très loin et concerne aussi bien "les intrigues de cour" et leurs complots politiques mortels, en Chine, en Grèce, en France, en Angleterre, en Italie, ... que les fakes news d'aujourd'hui, celles qui nous mènent à nous interroger finalement sur l'Idée de "vérité". Halte ! Tu dis des choses fausses. Tu mens, involontairement peut-être - parce que tu as un déficit en neurones - mais, tu profères des mensonges. Et ça ...depuis l'enfance nous savons tous que ce n'est pas bien, que ça fait s'allonger le nez !

J'ai lu des centaines d'articles sur le sujet, écouté moulte podcasts purement journalistiques ou émanant de sources plus scientifiques ...et j'en reviens, mutatis mutandis, comme Sethon  revenait de son ambassade, porteur de réalité concrète, pour permettre aux convives-spectateurs du dîner auquel il participait de moucher sévèrement Arrias, beau parleur, hableur, vantard,  propagateur, en somme, de "fakes news"1 .  😓 🤔

On peut dire que tous les auteurs évoquent à un moment ou à un autre la difficulté de penser l'effet-miroir  de la "rhétorique complotiste" et d'en sortir indemne.  

Des mises au point lexicales sont jugées nécessaires au début de chaque article : un complot, c'est ça etc. Tu as "la théorie du complot":  "théorie" appartient au vocabulaire scientifique ( tout ce qui est "scientifique", nous le savons tous, renvoie à la Raison et aux Lumières qu'elle allume dans nos cerveaux éveillés, au Progrès, à la Méthode, aux Classements, aux Chiffres, aux Statistiques ...) or en général  ce n'est pas pour  te valoriser que quelqu'un décrète que tu étais le tenant d' une vaste théorie du complot, quand  tu disais  par exemple, début août que tu avais un peu froid  et que c'est pour ça que tu mettais un pull et un gilet et que tu enroulais une écharpe en laine, à triple tour autour de ton cou fripé : tout en toi, et pas seulement tes paroles annonçait/dévoilait  la·e climatosceptique, surtout chez celles et ceux qui fin limiers savent décrypter grâce à de menus indices, les mystères d'une personnalité, savent dénoncer à la face du monde ce qu'elle cache au plus profond d'elle-même et qui par moments remonte à la surface. "La petite musique", "le bas bruit" dont parlent les médias "inspirés" quand ils veulent prédire l'avenir de notre porte-monnaie.

L'effet-miroir2 est là ! Tu ne peux que difficilement parler de la " posture complotiste" ( de celui qui voit des complots partout ) sans être victime des mêmes procédés et de la même rhétorique ! 

C'est balot ! Pas bien !  

1. La Bruyère, en 1688, dans ''de la Société et de la conversation''

2 Cf Frédéric Lordon 

— Arrias a tout lu, a tout vu, il veut le persuader ainsi ; c’est un homme universel, et il se donne pour tel : il aime mieux mentir que de se taire ou de paraître ignorer quelque chose. On parle à la table d’un grand d’une cour du Nord : il prend la parole, et l’ôte à ceux qui allaient dire ce qu’ils en savent ; il s’oriente dans cette région lointaine comme s’il en était originaire ; il discourt des mœurs de cette cour, des femmes du pays, de ses lois et de ses coutumes ; il récite des historiettes qui y sont arrivées ; il les trouve plaisantes, et il en rit le premier jusqu’à éclater. Quelqu’un se hasarde de le contredire, et lui prouve nettement qu’il dit des choses qui ne sont pas vraies. Arrias ne se trouble point, prend feu au contraire contre l’interrupteur : « Je n’avance, lui dit-il, je ne raconte rien que je ne sache d’original : je l’ai appris de Sethon, ambassadeur de France dans cette cour, revenu à Paris depuis quelques jours, que je connais familièrement, que j’ai fort interrogé, et qui ne m’a caché aucune circonstance. » Il reprenait le fil de sa narration avec plus de confiance qu’il ne l’avait commencée, lorsque l’un des conviés lui dit : « C’est Sethon à qui vous parlez, lui-même, et qui arrive de son ambassade. ». Jean de La Bruyère, 1688  

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article