Ruines, débris, rebuts... Le passé questionné par l' ''Angelus novus'', l'ange-machine de Paul Klee vu par ... Walter Benjamin, Michel de Certeau, entre autres. Liens 1.) Fabula, Muriel Pic, La figure de l'ange, ''force d'absence''...; 2. ) Open édition, Marc Berdet, L'ange de l'histoire; 3. )''Angelus Novus'' de Paul Klee source Wikipedia

Publié le par Claire Antoine

Métaphore de l'ambiguïté de l'humain, "allégorie de l’Ange qui défigur[e] le temps des vainqueurs" :   ''Angelus novus'', aquarelle sur toile d’environ 24 × 32 cm, de couleur rouge-brun, de de Paul Klee (1920): ''L'ange nouveau'', figure mélancolique et messianique qui annonce ce qui est ''nouveau'' que je ne vois pas (encore).

Métaphore de l'ambiguïté de l'humain, "allégorie de l’Ange qui défigur[e] le temps des vainqueurs" : ''Angelus novus'', aquarelle sur toile d’environ 24 × 32 cm, de couleur rouge-brun, de de Paul Klee (1920): ''L'ange nouveau'', figure mélancolique et messianique qui annonce ce qui est ''nouveau'' que je ne vois pas (encore).

                   [T]émoigne[r] des échanges infinis entre présence et absence, entre terre et ciel 

 Avec Muriel Pic, Michel de Certeau, Marc Berdet voici ce que dit Walter Benjamin du tableau de Paul Klee,  Angelus Novus :

« Il existe un tableau de Klee qui s'intitule Angelus novus. Il représente un ange qui semble avoir dessein de s'éloigner de ce à quoi son regard semble rivé. Ses yeux sont écarquillés, sa bouche ouverte, ses ailes déployées. Tel est l'aspect que doit avoir nécessairement l'ange de l'histoire. Il a le visage tourné vers le passé (1). Où paraît devant nous une suite d'événements, il ne voit qu'une seule et unique catastrophe, qui ne cesse d'amonceler ruines sur ruines et les jette à ses pieds. Il voudrait bien s'attarder, réveiller les morts et rassembler les vaincus. Mais du paradis souffle une tempête qui s'est prise dans ses ailes, si forte que l'ange ne peut plus les refermer. Cette tempête le pousse incessamment vers l'avenir auquel il tourne le dos, cependant que jusqu'au ciel devant lui s'accumulent les ruines. Cette tempête est ce que nous appelons le progrès. »

(1) Quand dans un tableau "quelqu'un nous regarde", c'est qu'il regarde en arrière et donc le passé, (donc pour lui nous appartenons au passé). Pour regarder l'avenir il faut que ce quelqu'un nous tourne le dos.  

                                      Entre deux mondes, métaphore de l’ambiguïté de l'humain.

  Et Jean-Michel Palmier : "L’ange qui ressemble un peu à une marionnette, fortement stylisé, a des pieds transformés en pattes tandis que les extrémités des ailes, grandes ouvertes, forment des mains. Des yeux noirs accentués donnent au visage une expression tragi-comique. Le visage est exécuté à l’encre. Des détails sont soulignés en jaune et en rose. L’Ange ne fait rien. Avec son visage enfantin, il affirme seulement son existence."  

 Et De Certeau, cf. Muriel Pic : Il apparaît pour disparaître comme « le chant d’un instant avant de disparaître dans le néant » : C’est une force d’absence, un lieu d’évanouissement des choses.

« Il recule par saccades, il recule inflexiblement ».  Il crée un vide dans les objets où il insinue ce qui est derrière eux et derrière lui – un acte énonciatif, une ouverture d’autre. On ne le voit qu'en train de disparaître

Mais un homme s'est substitué à lui. Cet homme, décrit ici sous les traits de l’Angelus Novus, c’est l’idiot, l’être-débris en marge de la société l’être du présent absolu aussi, sans passé ni futur, hors du temps de l’histoire et, à ce titre, proche de l’animal.

Davantage encore, il dérange l’organisation du sens, mieux, il organise la perte de sens : le retrait de la signification dans l’acte même de dire. Rien ne compte pour de Certeau que la fulgurance de cette décharge poétique qui, en minant les institutions du savoir, dote ce dernier d’une connaissance par l’expérience, l’épreuve périlleuse de faire sien le dehors absolu de l’altérité. L’apparition de l’ange, c’est le « moment d’un ravissement, un instant volé, un souvenir hors texte […]. Ce qui est trou dans le temps, c’est l’absence de sens.

 

Une autre interprétation cf Marc Bernet qui cite aussi Adorno "l'aquarelle de couleur rouge-brun, montre un personnage les mains en l’air. L’impression immédiate pourrait être celle d’un homme armé qui, pris dans la mire d’un autre sur un champ de bataille, se rend, effrayé. À y regarder de plus près, ses bras et son dos ressemblent à différentes parties d’une même feuille pliée telle un origami : elle constitue vraisemblablement les ailes de l’ange du titre de l’œuvre. Ses pieds et ses mains sont fuselés à leurs extrémités, un peu comme les ailes et les pattes d’un oiseau affublées d’orifices de canons ou de pièces mécaniques. L’ange se présente aussi flanqué d’une robe de carton ou de métal qui ressemble à la queue d’un volatile ou d’un avion. Lorsque le regard se promène de bas en haut, la figure grossit, au point que la tête prend autant de place que le corps. Une bouche grande ouverte et rougie découvre des canines irrégulières presque pointues. Le nez s’apparente à de discrètes cheminées de paquebot. Des faisceaux de lumière paraissent sortir des deux yeux grands ouverts : l’œil droit fixe le spectateur, l’autre regarde ailleurs. Les boucles de la chevelure évoquent des feuilles enroulées de métal ou de parchemin, et une clé minuscule semble pendre à son cou. Le peintre a obscurci les bords du tableau comme pour faire surgir sa figure dans un halo de lumière : elle semble jaillir de nulle part et fondre sur le spectateur.

 

 

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