Série : Ah ! Les classiques... J'adore ! Entre autres, les deux tragédies du pouvoir que sont ''Cinna'' et ''Britannicus''; Corneille contre Racine, un jeune loup aux dents longues contre un vieux conservateur. Aujourd'hui évoquons Néron ''frère'' de Britannicus

Publié le par Claire Antoine

Série : Ah ! Les classiques... J'adore ! Entre autres, les deux tragédies du pouvoir que sont ''Cinna'' et ''Britannicus'';  Corneille contre Racine, un jeune loup aux dents longues contre un vieux conservateur. Aujourd'hui évoquons Néron ''frère'' de Britannicus

CF. À voir pour se remettre dans le bain...[ OR AZUR ] Teaser Britannicus - Bing video

 

"L'impatient Néron cesse de se contraindre,

Las de se faire aimer, il veut se faire craindre." Racine, Britannicus I, 1, 9-12

Racine est ambitieux, il a trente ans, Corneille soixante. À l'époque où il écrit Britannicus il est reconnu auprès de Louis XIV et de ses courtisans, on le trouve doué. Il a envie de continuer à faire ses preuves en s'attaquant aux intellectuels et aux inconditionnels de Corneille (un autre glorieux dramaturge) qui le trouvent superficiel et même un peu désinvolte quand il s'empare de la matière historique. Le fait qu'en gros il soit accusé, par des "vieux", de, comme on dirait aujourd'hui, "manquer de culture",  le vexe donc, évidemment.

 Il va affronter Corneille (qu'il présente par l'intermédiaire de Térence dans la première préface de la pièce comme un "vieux poète malintentionné"), sur son terrain qui est celui de la tragédie politique romaine. Il va y ajouter sa vision du monde à lui qui grosso modo conçoit les rapports de pouvoir comme principalement animés par les passions humaines. Il les "psychologise".  Il les laïcise également, en quelque sorte, puisque ces passions dévorantes qui organiseront l'action, dans la pièce, remplacent les dieux ou le destin. On est dans le grouillement des sentiments, qui ne se repaissent d'aucune limite, et qui dévastateurs, ne peuvent mener qu'à la folie ou à la mort.

                                                   "Je ne supporte pas qu'on me résiste"

Racine met en scène, en l'aménageant, un épisode clé du règne de Néron, celui où il se révèle violent, tyrannique, harceleur, cruel. Sa passion foudroyante et irrépressible pour Junie, la jeune femme dont son "frère" Britannicus est amoureux, le pousse (c'est la cause prétexte, le moment de bascule) à s'affranchir de la domination de sa mère Agrippine et à assassiner, au cours d'un banquet, ce "frère" de quatorze ans, héritier légitime du trône.  

Sa mère, toujours aux aguets, avait pressenti son narcissisme. Elle se souvient ... 

« Ce jour, ce triste jour frappe encor ma mémoire,

Où Néron fut lui-même ébloui de sa gloire,

Quand les ambassadeurs de tant de rois divers

Vinrent le reconnaître au nom de l’univers. (…)»   

Lui-même a dix-sept ans et il a été acclamé empereur par les soldats de la garde impériale grâce à sa mère, brutale et avide de pouvoir. Elle l'a poussé jusqu'au sommet. Elle est beaucoup plus ambitieuse que lui, plus calculatrice, plus stratège. Elle  nettoie le terrain  devant lui... dans la pièce, (dans la vraie vie on ne sait pas trop), en commençant par empoisonner son époux l'empereur Claude, le beau-père de Néron ( qui l'a adopté). Elle écarte également du pouvoir Britannicus, le fils biologique de Claude.  Il est en quelque sorte son homme de paille, alors en principe, s'il est empereur, elle est, de fait, impératrice, puisqu'il ne peut pas se débrouiller sans elle...Mais...c'était compter sans la passion (unilatérale) ...                                                                                                     

 

  

 

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