Poème Corps-Texte

Publié le par Claire Antoine

"Enfantement" Aquarelle de Carant

"Enfantement" Aquarelle de Carant

Indicibilité dans le désir de survivre. 
Faim faim faim tout le temps
 

Mais si je sais aussi refuser ma faim… 

Donc j'existe Donc je suis

Quand je mange,je suis.

A nouveau grosse comme d'avant la parole de l'enfant étymologique. 
Maintenant presque vieille et presqu'obèse. 
Se maintenir sur ce presque - Ne pas chuter - Se bien tenir - Se retenir au balancier. 
Ensemble par la main mère et grand-mère maternelle.
Et je vis encore remplie, lourde inatteignable de plus en plus, presque.
 
Être une île et sa naufragée.
Survivre éveillée dans le secret avec ses secrets de gardienne de la vérité du manque,
de l'énergie au tout fond du dedans de moi. 
Tout de la décomposition des aliments rejoint les petites alvéoles de mon corps où ils sont stockés pour affronter demain. Cellules atomiques que je  garde en moi pour avoir de quoi soutenir un siège.
Energie captée prête à transmettre aux moments de la disette car il y aura manque.
Il y aura vide demain sera vide sans intérêt peut-être le goût des choses sera-t-il perdu. 
 
Gardienne de l'énergie avec peur parfois peur du trop plein - 
de l'explosion de l'éclatement en mille morceaux éparpillés 
Se retenir 
 Le plus longtemps possible.
Veiller Attendre attendre tapie un oeil ouvert, jusqu'au moment où ce qui viendra me fera moi.
Je cherche parfois à retrouver dans l'épaisse forêt des mots d'autrefois des mots qui disent et font mal  
Mal  parfois en strophes
Ces événements de ruine et de mort qui ont déversé le cours des choses roulé boulé
Rescapée inconnue des agonisantes d'avant jadis
Convoquées malgré elles pour qu'elles soient entendues par ce qu'elles ont scellé et qu'elles m'ont cédé dans les profondeurs du temps et de la terre.
 
Je parle aussi je nais et vis avec les mots des autres dans un état second de pythie projetée
Hors de mon corps mon corps organique oublié en état second de réception de ces mots écrits qui permettent de parler continuement sans effort et de bouger comme dans l'eau de la mer soulagée
De mon poids, de mes bégaiements, de mes inhibitions. 
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