Ecrire des souvenirs - 185
J’aseptise les paroles
De mes souvenirs d’hier
Je les malaxe
Pour qu’elles se détachent
Se pulvérisent
Tombent en ronde,
En taches
Eparses et jaunes,
Autour du pommier
Délaissé du jardin.
Je me souviens et j’écris
Des mots en fouillis
Je voyage -
Etrangère à mon texte -
La page se dérobe.
Je creuse - émerveillée
La distance qui m’empêche
De toucher,
Et qui effleure sans les voir d'autres choses.
Je veux, par là, je crois, expérimenter
Des chemins
De travers
Atomiser les antiques balises
Loin des "yeux horribles de [mes] pontons";
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Au micro de l’écriture
La voix voilée secrète entrecoupée
De ma parole
Ô Sonorités contenues
Dans la page d’hier -
Aujourd’hui,
Mnémosyne aux traits
Ravinés, fracturés.
Equilibriste au passage clé
De l’arête aléatoire
Pour l’ascension
D’ un dévers
Aux dépliés interdits
Qui se courbe
Vers l'au-delà
De la verticalité aléatoire du mur.
Je flotte à la recherche
De l’angle rentrant
D’où je pourrais lire
A ciel ouvert
Sur deux parois rapprochées
Ma vie
Réalisée, usée
Bien tassée, glacée.
La ramener, par la main la remonter,
L’incurver
Et sur un pas de danse
Léger
La tourner vers demain.
Claire