Lien Project Muse - sur la pertinence de l'application systématique du concept de genre au XIXe : entre genres littéraires et sexe, le genre des genres...

Publié le par Claire Antoine

                                                     Reprise de qq idées
Quand Zola prend le pseudonyme féminin de Pandore pour écrire "Les chroniques d'une curieuse" il  définit le "style" féminin qui justifie le masque...( Ah ! Les femmes ...)
« J’écris au courant de l’idée présente, sans souci des transitions et ma plume est l’interprète des émotions qui l’occupent »
                     Les couples d'opposition  régissant "la théorie des deux sphères" (H/F) : 
 indépendant/dépendant ; rationnel/émotionnel ; propre à l’activité publique/à l’activité domestique.  
Les interrelations entre les représentations de la féminité, l' autorité institutionnelle et la consécration 
  Les préalables :  - raisonner en termes de "construction" et non pas d'état de fait. 
  - Penser que l’histoire littéraire  a contribué à  l'oubli des femmes pour conforter une vision préétablie
                               Constructions de genre et mouvements esthétiques
 Dans "Prose / Poésie, Masculin / Féminin," par Christine Planté, « Masculin/Féminin dans la presse du XIXe  siècle » : Rôle dela presse dans la construction et la diffusion de modèles du masculin et du féminin. Le champ débordant des deux côtés : de la Révolution française d'une part à la Première Guerre mondiale, d'autre part.
Du point de vue du genre, "hommes" et "femmes" font partie d'un même système, ils sont à considérer l'un par rapport à l'autre. Ni l'un ni l'autre ne sont des exceptions de la "nature/culture". 
                                  Plus exclues de l'espace public au XIXe qu'au XVIIe
Le modèle démocratique médiatique qui s’impose au XIXe siècle ( et qui peu ou prou postule que le politique/la morale sont le règne de la doxa, de l'opinion) passe par le journal, le club, le café, le Parlement // au modèle de sociabilité de l’Ancien Régime, lié à la Cour, aux salons et à une culture de la conversation. 
                                             Temporalités différentes ?
"Le journal des femmes", dans les représentations culturelles du XIXe siècle, c’est surtout le journal intime, comme lieu de notation pour soi/ pour les proches, indigne d’un quotidien - formaté codé  comme différent, comme masculin -  mais qui pourtant ,dans les formes sérielles, inscrit ce qu'on lui reproche à savoir : répétition/continuité/cassures. Ils sont en fait dans la même temporalité
L’activité journalistique des femmes (sporadique et non-pro)  même faible au XIXe  siècle, s’est  effacée par la suite : en cause l’idée qu’on se fait des femmes, jointe à l' idée qu’on se fait du journal, où l’écriture est à la fois transgressive, effraction dans l'espace public, et peu valorisante, ce n'est pas de la "littérature". 
                                                Les genres ont-ils un genre ?  
Avec Genette  dire que le regain d'intérêt pour la question du genre (littéraire), s'appuie sur la recherche de la « signification anthropologique du fait littéraire ».
La démarche : Partir de la question de la différence des sexes,
et rendre compte de ses effets sur la littérature
et de sa construction  par la littérature.
=> travaux sur les genres réputés féminins, comme l’épistolaire : fondement historique "objectif" et représentations sociales et symboliques.
=> et sur d'autres, supposés d’accès difficile aux femmes, comme la poésie.
=>ou sur des entités plus larges :  la bipartition prose/poésie. Dans ce cadre, la critique, considérée tantôt comme un genre qui vient s’ajouter à la triade poésie/roman/théâtre, tantôt comme un discours englobant dans lequel se joue la définition même de la littérature et de sa valeur, appelle au moins trois registres d’analyse. 
1° comment les femmes écrivains/artistes sont traitées par les discours critiques
2°dans quelles conditions, elles accèdent au statut de productrices/sujets de discours
critiques.
3° comment la façon dont les notions que ces discours mettent en œuvre et leur écriture même convoquent, de façon explicite ou dans un statut d’impensé, les catégories de sexe dans les hiérarchies, le lexique, les métaphores, les exemples… les silences.
Au XIXe, la critique s’élabore soit à l’université,- critique savante-, soit dans la littérature elle-même (préfaces autographes et allographes, manifestes, séquences métadiscursives), soit enfin dans le journal, alors en plein essor. 
                                   Les femmes, finalement, ne parleraient jamais que d'elles...
Absentes de l’université, jouissant rarement du statut d’écrivains reconnus, elles exercent au XIXe leur activité critique dans la presse. Celle-ci relève aussi d’une forme d’autorité que ni le monde de la presse ni celui de la littérature ne sont prêts à leur concéder facilement.
Quels articles ? où ? sur quels thèmes ? et en termes d'audience ?
Quelle est la répercussion de leur production journalistique, ? 
                           Transgression et  dans le support et dans le texte.
- est transgression : une femme qui investit  un « espace généraliste »  
- celle qui publie des textes révolutionnaires dans un média confidentiel
Chgt dans l'appréciation des écritures longtemps conventionnelles
 – cf la chronique de Delphine de Girardin dans La Presse entre 1836 et 1848 – 
alors que leur existence
même bouleversait l’ensemble du paysage journalistique français et, au-delà, infléchissait la distribution des identités genrées dans la société.
Cette première étape d’appréhension du système global, de ses contraintes et de ses failles est
particulièrement nécessaire dans le cadre d’une évaluation de la critique littéraire réalisée par les
Intégrant le modèle de sexuation de l’espace public qui s’impose à la fin du XVIIIe le champ journalistique s' organise selon une théorie des deux sphères qui désignent des traits de caractères prétendus naturels par paire de contraires,
en les hiérarchisant au profit du masculin : indépendant/dépendant ; rationnel/émotionnel ; propre à l’activité publique/à l’activité domestique.  Cette vision commande la sexuation des genres journalistiques et la facilité d’accès à telle ou telle écriture dans le cadre d’un espace périodique mixte. La double position de femme et de journaliste = étrange : Vie publique et militante :  lutte sans fin vs vie cachée du foyer/des salons? voix élégantes vs voix injurieuses, polémique ? 
Le journal reproduit les divisions socialement établies quand il définit un espace public
hégémonique masculin // espace privé féminin. Matérialisé par la frontière du feuilleton 2/3 pour les rubriques politiques et diplomatiques  et 1/3 la maison, l’intimité et la mondanité (parfois tenu par des femmes). cf salon artistique de Marie d’Agoult pseudo Daniel Stern en 1842/43.
Autre clivage : aux hommes, l’événement ; aux femmes l’itératif, le banal, le prosaïque.
Les articles politiques sont fondés sur le modèle rhétorique (exorde, argumentation, réflexion, péroraison).
puis il s'assouplit avec le style plus relâché de la chronique (genre au caractère centripète mondain, résistance de la sociabilité des salons du 18e => intro de la critique litté et artistique au féminin).
Le reportage réservé aux hommes  : pratique où il faut  enquêter dans la rue, fréquenter les cafés et le boulevard parfois la nuit
Au contraire, dans les quotidiens généralistes comme dans les grandes revues, les interventions
des femmes-critiques restent rares et ceci plus encore dans le domaine de la critique littéraire. Elles semblent illégitimes pour traiter un certain nombre de sujets, et donc de livres. 
Leur échappe d’abord toute la critique
d’ouvrages politiques, économiques et financiers. 
La théorie des deux sphères explique pendant une partie du siècle la difficulté des
femmes à accéder à la grande critique de revue qui est pour l’essentiel dogmatique, à prétention
objective et influente et dont la valeur repose sur un certain nombre de garanties extérieures à la
subjectivité du critique. 
Ce dogmatisme critique fondé  sur le développement à partir des années 1830 de l’histoire littéraire. 
Beaucoup de critiques se spécialisent en effet, dans un récit continu et historicisé, voire vectorisé des faits littéraires.
Or l’histoire reste réservée aux hommes tout comme l’Académie. L'idée c'est que la femme n’est pas à même
de développer une critique d’autorité s’appuyant sur un savoir ou sur la raison. Mais, on peut ui reconnaître une critique de l’impression et du goût, qui a sa place dans le cadre de la chronique.
cf Delphine de Girardin en 1836 au moment où elle fonde le genre. 
Dans les  années 1880,  se développe toute une critique d'hommes (de Fouquier à Mendès) qui écrivent sous pseudonyme féminin. => Ils utilisent :  la première personne du pluriel, écriture de l’émotion,  circulaire, sexuée, et non universelle et mixte;  "où l’on ne sort sinon jamais de soi, jamais de la question de la femme".
Un nouveau discours social garanti par cette critique de travestis prétend démontrer la non-universalité de la critique féminine : fondée sur l’émotion, elle échapperait à l’objectivité ; incapable malgré l’émotivité de s’individualiser, elle resterait confinée à des options de genre, et donc n’atteindrait pas l’universel.
La femme écrivain serait toute sensibilité, destinée à un repli constant sur soi, elle acquiert des notions sur le monde extérieur en se projetant, en se sentant elle-même plutôt qu’en analysant autrui
La femme développerait une écriture du collectif sans universel et une écriture de l’émotion sans individualité. Comme masculin l’acte critique,  = capacité à déroger aux rôles imposés et à commettre des actes pouvant remettre en cause l’ensemble des équilibres de la cité. 
Les femmes feront donc de "la critique littéraire" là où elles sont admises, des journaux féministes, périodiques féminins, des revues et journaux pour la famille…
Une autre stratégie consiste à fonder son propre journal ou sa propre revue généraliste 
La critique littéraire des femmes au XIXe,  marginale dans la plupart des cas,  comportetoutrfois  quelques exceptions (...)

 

 

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