Prise de notes - mise au point - sur la métaphore musicale dans les textes poétiques critiques et narratifs. cf article en lien d'Edith Vanel
Edith VANEL dont la thèse s'intitulait :Us et abus des métaphores musicales dans le discours critique sur la littérature en France et en Angleterre entre 1890 et 1940.
(Lisez d'abord le texte en lien, car ce qui retient mon attention réduit la portée de l'article)
La métaphore musicale comme expansion de l'imaginaire en poésie du XIXe à nos jours
Que disent les crtiques d'un texte quand ils le qualifient de "musical"
Je lis l'article de Fabula tout d'abord, en complément de la causerie sur le vers libre et Verlaine donnée, il y a peu, à la Maison de Verlaine Metz. Mais aussi parce que je cherche "hasardeusement" - depuis quelque temps comment je pourrais définir, présenter, proposer des pistes pour parler de ce que j'écris - quelle pourrait être "ma musique mentale", comme on dit "saison mentale" pour parler de l'automne chez Apollinaire. En effet ceux qui lancent d'un air désinvolte qu'ils ont une écriture très jazz, par exemple, m'impressionnent, ( sans doute outre mesure, certes) mais je me dis que moi aussi....yapasd'rézon qu'il faut prendre le taureau par les cornes et donc que cet article me tombe sous les yeux à point nommé...
Et je rajoute après lecture qu'au cours de mes études j'ai marché à fond ( et que ça continue !!!! ) dans les textes métadiscursivospoétiques... j'ai aimé et même parfois préféré (je parle de plaisir de lecture) les oeuvres des critiques littéraires aux oeuvres nues des poètes.
La problématique à laquelle tente de répondre Edith Vanel, en analysant des articles de Joseph Acquisto, Heath Lees et Eric Prieto, est la suivante, je la cite :
Qu’est-ce que la notion métaphorique de musique apporte au discours critique sur les textes en tant qu’outil de description et lieu d’élaboration de la littérature ?
Mes "prises" pour éclairer la façon dont la théorie et les concepts ouverts sur l'imaginaire musical donnent sens et portée à un discours sur la littérature.
Le mot "musique" et tout le réseau lexical qui l'accompagne apporte un supplément de sens/d'âme aux textes poétiques définis comme "musicaux" => "la notion de musique comme élément de construction du sens dans le discours théorique sur la littérature, depuis le XIXe siècle jusqu’à nos jours."
Mallarmé se heurte à la crise du vers, et pour échapper à un trop de logique et de raison, il va accepter pour ses poèmes, l'idée d'un principe musical, à condition que la musique irradie "naturellement" du poème lui-même, de sa construction projetant sur la page de rythmes , des vibrations, formes extérieures du vivant.
Des structures communes malgré une divergence essentielle concernant la mythologie
Il va, par exemple chercher à transposer dans certains de ses textes, et pas seulement ses poèmes, l'activité musicale qu'il a cru reconnaître dans la musique-opéra de Wagner ( structure et mouvements)=> idée de « re-possession » du Principe de la Musique qui permet d'élaborer une théorie critique et également de produire là, une langue « musico-poétique ». Mimétisme pour les effets d’attente, de gradation, de contrastes, de répétition. Il combine le niveau critique ( métadiscours) et le poétique dans ce qui s'appelle une prose « musico-littéraire », plus ou moins opaque.
Métalangage poétique : espace métadiscursif et "performance verbale"
(le performatif c'est le langage action. Je te maudis, je te deshérite, je t'aime, mais aussi, (regarde bien), ceci est une pipe et non pas (comme tu crois le voir, mais nos sens nous trompent,) un chapeau.
Importance des théories dans le mouvement symboliste qui inaugure l'ère de la conscience de la poésie critique. Ce qui est recherché n'est pas forcément une musicalité au niveau des sons et des rythmes, mais le jeu avec une "idée de musique" qui transformerait les textes par sa puissance. La musique principe d'altérité auquel se confrontent les poètes. Ils y cherchent sur "la ligne de crête" là où ils peuvent poser le pied, en théorisant les limites, les manques de l'un ou de l'autre et en cherchant tout en " laissant planer un flottement" comment les dépasser.
Création/invention d'une nouvelle langue par élargissement
28Grâce aux réseaux lexicaux/sémantiques liés à la musique, les poètes du XIXe dont Baudelaire, ont libéré la poésie de ses liens avec l’Idéalisme froid conceptuel, en inventant un mode d’ « écriture poétique active et transformative » qui revèle une poésie non « idéale », mais pur acte de langage. Il ne se serait pas agi pour les symbolistes de proposer un idéal esthétique qui aurait été tenu en échec, (en effet si l'on considère le nombre important de textes théoriques sur le sujet comme autant de mea culpa, ou de tentatives de justification), mais qu'elle donne à lire le potentiel théorique créateur de la notion de musique, et offre une théorie dirigée vers l’action poétique. "Les critiques et poètes symbolistes, dépassent les limites de la poésie de leur époque et inventer une nouvelle langue, en recourant à une « déstabilisation des catégories de poésie et de musique ». Une "instabilité" qui propulse le discours symboliste vers d’autres espaces sémantiques qui interagissent avec le discours sur la poésie »Le modèle musical, une alternative pour les romanciers aussi qui sont en recherche d'une représentation nuancée d' états d'âme inaccessibles au langage.
Le narratif aussi est concerné
Eric Prieto, lui, questionne les raisons historiques et philosophiques, pour lesquelles "le musical" affecte le fonctionnement/ la signification des textes narratifs et montre comment les modèles ainsi créés transforment les textes chez les poètes symbolistes, comme Mallarmé, puis, dans la première génération de « romanciers musicaux » comme Proust, Woolf ... puis encore dans le Nouveau Roman avec Butor et Duras et enfin, aujourd'hui, chez Bernhardt ou Quignard.
Les modèles musicaux présents dans les œuvres littéraires participent ainsi d’un "mode of mimésis" tourné vers l’intérieur qu’Eric Prieto appelle « Listening In », dans lequel, « le premier objet de représentation (le référent) n’est pas le monde extérieur mais les interactions subtiles entre la conscience et le monde », jusqu’au « réalisme ironique » du roman post-moderne.
La valeur ainsi cognitive de la musique, viendrait d'une part des doutes concernant les conventions du « réalisme » de la fin XIXe. qui faisaient qu'on ne considérait le roman que dans sa fonction mimétique envers le réel, et d'autre part dans une conception du monde envisagé comme des structures mises en réseaux ( relationnels/temporels/point de vue/ strates conscient/inconscient...) Pour lui, analyser un texte sous son aspect musical demande, afin d'éviter les généralités pseudo intuitives et vagues, comme préalable "d'accepter leur posture métaphorique inhérente" , en s'appuyant sur les penseurs de la narratologie, de la philosophie esthétique, de la musicologie pour décrire la ligne qui sépare sémiotiquement littérature et musique..
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