Un peu de "féminisme du XIXe" avec Anaïs Ségalas 1811-1895 : "Homme de Lettres"

Publié le par Claire Antoine

         

           Gustave Flaubert, qui fut Madame Bovary a dit ...
« Chez toutes les femmes à moitié homme, (entendre "les Bas bleus", les intellectuelles) la spiritualité ne commence qu’à la hauteur des yeux. Le reste est demeuré dans les instincts du sexe. Presque toutes, sont grasses et ont des tailles viriles : Mesdames de Sévigné, de Staël, George Sand, Madame Colet. Je ne connais que Madame Ségalas qui soit maigre…"
                            Selon Le Tintamarre du 16-22 janvier 1848 
         sur ses cartes de visite, Anaïs Ségalas a commencé à faire écrire sous son nom
                                                "Homme de lettres "
On assiste à cette époque à une grande effervescence sur le front féministe  à la création de très nombreuses associations, qui se déploient en manifestations, diffusion de lettres, tracts, pétitions…
****Anaïs Ségalas collabore, entre autres, au Journal des femmes, Journal chrétien modéré, il appelle aux droits civiques et à l’éducation pour les femmes fondé en 1832 par Fanny Richomme. Il s'agit de  « rendre les femmes aptes à leurs devoirs de compagne et de mère ». Dans l’équipe éditoriale :Delphine Gay, George Sand, Marceline Desbordes-Valmore et quelques hommes, Louis Auguste Blanqui, Paul Musset…
**** A.Ségalas  assiste également aux réunions de la Société de la Voix des femmes**, club organisé par Eugénie Niboyet*, sous-titré Journal socialiste, politique, organe d’intérêts pour toutes les femmes exclusivement, premier quotidien féministe français, dont l'équipe de rédaction se compose d'une " élite de femmes urbanisées, dites intellectuelles." 
*Eugénie Niboyet avait fondé en 1833 l’Athénée des dames, cercle féminin où l’on pouvait suivre un programme d’études supérieures, puis en 1836 La Gazette des femmes où avaient déjà collaboré Anaïs Ségalas et Flora Tristan, femme de lettres féministe auteur en 1843 de l’Union ouvrière. Chateaubriand la voulait à l'Académie française. 
Parallèlement à la publication de La Voix des femmes, se réunissait le Club des femmes où s’échangeaient des propositions et des projets de grand soir.
 
   Ces réunions faisaient la risée des journalistes et le bonheur des caricaturistes...
qui tourneront le club en dérision et les jetteront ses membres en pâture...Voici quelques unes des amabilités qui leur sont réservées
Eugénie Niboyet, la présidente, est assez avancée en âge (52 ans) mais très arriérée en politique. Depuis longtemps, elle prêche l’éducation démocratique et sociale du beau sexe. Avec elle, Anaïs Ségalas et beaucoup de faux doigts tachés d’encre, une infinité d’égéries, quelques saphos, mais peu de femmes de ménage..." ...Des viragos, des entremetteuses qui créent un tapage effroyable, des cris incohérents (...)
         La presse s’amuse, brocardant également les hommes qui en font partie...
"ceux qui n’étaient pas forcés de rester à la maison afin d’y soigner les enfants et y préparer le souper, tandis que leur mère, femme ou sœur clubait, et qui devaient garder les socques, les cabas et les tartans des citoyennes clubistes." (...)
 
              Certaines femmes ... et non des moindres affichent aussi leur mépris                         
Marie de Flavigny comtesse d’Agoult, femmes de lettres, historienne à chaud des événements de 1848 – elle a publié dès 1850 une Histoire de la Révolution de 1848 – oppose les femmes du peuple aux « poétesses bourgeoises au chaud de salons littéraires où elles réclament un droit d’écrire que personne ne leur refuse ». (...)
                                  Pour en revenir à Anaïs Ségalas
                       Certes, elle vécut quelques mois en militante féministe. 
Mais sans jamais s’éloigner de ses convictions que la femme doit progresser et faire progresser l’humanité par l’amour et l’affection dans le cadre de valeurs traditionnelles chrétiennes. Elle s’est défendue d’avoir fait œuvre de rebelle : « Je ne suis pas de celles qui font de leur écharpe un drapeau » et d’avoir écrit le moindre hémistiche saint-simonien ou fouriériste, même si elle a côtoyé des militantes de ces mouvements. Elle expliqua qu’elle partageait avec elles la volonté d’amélioration de la condition féminine, mais par des moyens différents. 
Comme ce fut le cas pour Constance de Salm, elle a toujours refusé le féminisme actif, la laïcité exprimée de Jeanne Deroin ou Pauline Roland ou l’intégration du mouvement féministe au socialisme démocratique de Désiré Véret-Gay. 
 
                                     

Publié dans Femmes du XIXe

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