- Au Leé, ce WE, excentré et/mais relié au "Livre à Metz", il a été question de la (re)présentation du paysage avec Jérémy Liron et Emilien Sarot
Jérémy Liron, samedi au Leé, lisant un passage de "La mer en contrebas, tape contre la digue." ( présentation en infra) Au mur 3 tableaux d'Emilien Sarot ( présentation en infra)
16h30 au LEÉ : (re)Présenter le Paysage, rencontre et discussions autour des peintres
Jérémy LIRON et Emilien SAROT
(Tous les deux sont, entre parenthèses, ce qui ne gâte rien, jeunes, passionnés, sympathiques). Discussion ouverte (c'était déjà vrai hier) avec le public : la rencontre sera orientée sur leur pratique de la peinture; pourquoi ils y tiennent ? Pourquoi continuer à en faire ? Comment, avant de se rencontrer physiquement, se sont-ils rencontrés à travers leurs travaux et leurs écrits respectifs ?
Présentation des deux artistes auteurs
Jérémy LIRON la mer, en contrebas, tape contre la digue, présentation par Antoine EMAZ
Une situation : deux semaines de résidence dans le village de Caromb, au pied du mont Ventoux. Le livre se présente comme une suite de notes en prose, très libres, un peu comme un journal non daté qui retiendrait moins les faits vécus qu’une forme d’« errance » alternant expérience et pensée, souvenirs et rêves, passages par des peintres, des écrivains, des philosophes… Mais cet apparent désordre dans la variété des approches (« amorces ») recouvre un questionnement constant sur l’espace, le regard, notre présence au monde et à nous-mêmes. Et l’auteur ne donne pas de réponses définitives, ne semble pas progresser ou construire, mais seulement creuser et baliser la zone, tenter d’autres jalons, changer l’angle d’attaque… La prose de Liron est remarquablement calme, posée, alors que son mouvement est de venir heurter au réel, « but(er) sans cesse ». La justesse, l’intérêt du livre sont là : nous vivons sur des questions aussi simples que profondes, qui se renouvellent à mesure que nous ne cessons de leur répondre sans conclure. Ce pourrait être une angoisse ; ce peut être une chance. En tout cas, c’est vivre.
Emilien SAROT
critique de Julie Crenn Julie Crenn critique d’art dans le magazine Art Press
Emilien Sarot (...) s’intéresse notamment aux territoires délaissés puis réactualisés par les artistes comme l’expressionnisme abstrait, l’expressionnisme allemand, l’école de Leipzig et leurs poursuiveurs. Héritier de ces histoires partagées, il puise ses références dans une peinture brutale, baignée de couleurs et de lumières. Il pratique aussi bien la peinture, que le dessin et le collage numérique. Les trois mediums interagissent et se font concurrence autour d’une recherche picturale articulée selon trois axes/projets : les paysages en ligne – un pavé dans le paysage – le collage. La série des Paysages en Ligne est nourrie de photographies prises lors de voyages en train ou en voiture. L’appareil capture et fixe des paysages défilants derrière la vitre d’une fenêtre, deux filtres que l’artiste déploie finalement sur la toile par la suite. A contrario, il travaille des paysages photographiés lors de randonnées. Par la contemplation, son œil a pu apprécier la totalité du motif, restitué par la photographie, puis par la peinture. D’un point de vue perceptuel, il jette un pavé dans l’image pour « annihiler la contemplation romantique du paysage classique et détruire le paysage » Deux approches du paysage sont convoquées et confrontées.Enfin, le collage renvoie non seulement aux œuvres associant des photographies prises sur le motif et des images prélevées des pages de manuels d’histoire de l’art, mais aussi un collage de styles. Ses visions plastiques sont traduites par l’adoption de styles différents et d’accès opposés. Il génère ainsi un système de combinaisons menant à « l’épuisement » du sujet, en l’occurrence des paysages boisés, inhospitaliers. Les variations gestuelles et techniques influent sur les effets lumineux et par conséquent sur la vision plurielle d’un même paysage dont l’artiste épuise les possibilités. Livre en dédicace Un Pavé Dans Le Paysage / cat. Édité par Galerie Gustave Ansart