Metz, chez Hisler Even le 16/12/2011 - Questions à Jean Marie Rausch autour de son livre : "Il suffit de vouloir".
Jean-Marie Rausch,
Nous sommes ici pour parler de votre livre - qui vient de paraître aux Editions Serpenoise - intitulé
Il suffit de vouloir
et qui appartient au genre des Mémoires
Un livre que vous écrivez après 40 ans de vie politique où vous articulez vie messine, régionale,
nationale et internationale
Votre livre dédié à votre épouse Bernadette et à vos fils Pierre et Philippe
et préfacé par Jean- Jacques Aillagon progresse à la fois chronologiquement et thématiquement.
Vous racontez les grandes dates de votre vie personnelle,
de votre formation intellectuelle et professionnelle et celles de la ville de Metz.
Rappelons que vous avez été élu Maire de Metz pour la première fois en 1971, à l'âge de 42 ans
" Le plus jeune Maire d'une ville de 100 000 habitants" et sans interruption jusqu'en 2008.
De plus vous êtes resté 5 ans au gouvernement, - 3 fois Ministre :
du commerce extérieur, des Postes et télécommunications et enfin du commerce et de artisanat
-au cours de la Présidence de François Mitterand.
Vous avez également exploré au plus haut niveau toute la palette des responsabilités politiques :
Sénateur, Président des Maires des grandes villes de France. Président du Conseil Régional.
Vous donnez donc dans ce livre un éclairage sur votre action de Maire d'une grande ville
qui manque un peu de visibilité au plan national et international tout au moins
et qui est confrontée à des défis successifs dont vous serez le témoin et que vous relèverez.
On peut comprendre à quel point vie personnelle et relationnelle sont enchevêtrées, imbriquées.
Le fil conducteur de l'ensemble de votre action semble être votre confiance dans le progrès,
votre foi en Dieu et en l'homme.
Vos valeurs sont positives et fortes : volonté d'indépendance;
sens de l'intérêt général.
Vous ne vous perdez pas en chemin, ce qui nécessite un caractère bien trempé de lorrain
qui a cette conscience
- à laquelle fait allusion l'historien Fernand Braudel lorrain, lui aussi,
né en Meuse pour qui le lieu de naissance influe sur les choix a une importance prépondérante,
cette conscience de l'unité qu'a particulièrement celui qui est né " à la marge" de la communauté nationale,
à la périphérie.
Vous montrez que ce n'est pas facile,
que c'est une tension mais que cela n'a rien eu d'insurmontable pour vous.
Que de se situer sur plusieurs échelles :
la ville, l'Etat qui ne poursuit pas les mêmes buts et la relation au nord, qui vous avez souhaité à
l'Allemagne, au Luxembourg, à la Belgique.
Arrivons plus précisément à l'écriture du livre et au ton que vous employez un ton naturel,
"conversationnel" on a l'impression de vous entendre parler, de suivre les faits racontés au plus près.
On entend votre émotion quand vous évoquez les maladies, la mort d' intimes,
la fierté de votre père à votre égard dont vous prenez soudain conscience.
votre irritation quand vous parlez de moments gâchés par manque de sens des responsabilité,
de sérieux, maladresse ou incompétence.
Votre impatience fiévreuse quand vous avez un projet à faire aboutir
et votre amusement aussi
quand par exemple vous racontez l'épisode du sac que vous avez acheté dans une boutique près du Vatican,
lors d'une audience pontificale, à votre épouse en même temps que des boutons de manchette pour parfaire votre tenue
ou alors le voyage en avion que vous avez fait jusqu'au Japon en compagnie de la soeur de Jean Nöel
Griesbeck.
A la lecture on vous sent relativement apaisé, concerné mais distancié. Pas partisan. Retour sur vous même. Bilan.
Vous étiez déjà comme ça ? Avez-vous changé ? Ce livre a-t-il permis une catharsis ?
. Revenons au titre du livre
"Il suffit de vouloir"...on pense au proverbe allemand Wer will...der kann... pour pouvoir .
C'est à la fin du livre en clôture en qq sorte que vous explicitez que vous donnez votre définition du pouvoir.
Tout le livre donne en fait la clé de votre relation au pouvoir, illustre la façon dont on peut "vivre en politique".
Un modèle ? Est- ce ainsi ?
Un homme de pouvoir qui avoue une certaine timidité.
Vous racontez assez longuement le séminaire auquel vous avez participé destiné à vous faire travailler
sur cet aspect de votre personnalité, pour vous permettre d'améliorer la qualité de vos relations
interpersonnelles ; poussé par l'abbé Klaine, curé de Notre Dame.
Vous arrivez en personne désireuse de recevoir des conseils et avant la fin vous devenez celui qui conseille les autres.
Retournement de situation. Un moment crucial ?
On comprend très bien dans votre livre que ce qui fait la politique ce sont en effet les relations.
On le comprend grâce au dossier photographique, où l'on vous voit en famille, à l'école
ou en compagnie du pape de Pompidou, de votre épouse, de Giscard d'Estaing.
Grâce aussi au répertoire que l'on trouve à la fin du livre où vous avez fait la liste de 382 personnes
auxquelles vous faites allusion dans le livre.
De Mme Puhl Demange, Patronne du Républicain Lorrain et amie
à Domique Gros, votre successeur à la Mairie,
avec lequel vous entretenez des relations d'estime et de respect,
Raymond Mondon, votre prédécesseurs
vos collaborateurs Marie Paule Hinsberger, Noël Jouaville
des dirigeants François Mitterand, Helmut Kohl, le Pape Jean-Paul II
vos assises philosophiques le Personnaliste Emmanuel Mounier
Cocteau, Malraux, des personnalités du monde des arts et du théâtre que vous avez découverts
lors de vos études parisiennes au cours de votre prépa HEC
et votre socle messin Roger Klaine et Jean-Marie Pelt qui vous ont permis de transformer la ville,
d'en faire une belle ville.
Vous aimez les gens dont vous parlez et pourtant vous les appelez des "personnages" ?
Donc là vous distinguez nettement public et privé.
Votre famille ne se trouve pas dans cette liste. Il n'y a qu'un Rausch, c'est votre oncle.
Pour finir,
Vous apparaissez comme un homme de passion et un visionnaire qui a oeuvré en manageur de talent pour
relever les défis de la modernité technologique auxquels Metz et la région se sont vus confrontées.
Metz doit entre autres Le Technopôle à votre passion pour les nouvelles technologies, pour l'informatique
vous avez écrit un 1er livre en 1976
polémique intitulé
Le laminoir et la puce : la 3 ème révolution industrielle
qui vous a permis d'obtenir le grand prix de " la littérature micro informatique"
Je cite la 4ème de couverture
" Les nouvelles technologies régneront en maître. Avertissement : Se mettre au travers de la course à l'innovation, c'est signer l'échec futur de notre pays"
Avec du recul que pensez-vous de cet avertissement ?
Mais vous avez aussi compris que le culturel était vecteur d'emplois et de notoriété.
vous êtes à l'origine de l'arsenal et...du Centre Pompidou qui font que Metz commence à apparaître dans les classements internationaux .
Pourriez-vous commenter la 1ère de couverture qui vous montre tournant le dos au Centre Pompidou inachevé ?
Livre très intéressant de plusieurs points de vue, qui rend fier d'être messin
et qui de plus est agréable à lire.
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Claire Antoine