Dans la série '' Tenter de comprendre notre aujourd'hui si cahotique et tragique'' : Ce qu'apprennent les élites occidentales depuis quelques années - concept de ''liquidité'', cf. les travaux de Zygmunt Bauman. 2 Liens 1) Conférence youtube.com (Collège des Bernardins) avec Louis Manaranche, Elisabeth Geffroy et Timothée Gautier: 2) résumé umanz.fr, 2019, par Kervern Patrick
La sociologie de Zygmunt Bauman, bien que problématique, reste importante et potentiellement utile pour aider à la réflexion sur les changements et les transformations contemporaines du travail social - Louis Manaranche deux philosophes, Elisabeth Geffroy et Timothée Gautier https://www.youtube.com/@Bernardins
Résumé de la conférence par Kervern Patrick
Incertitude, flexibilité, instabilité...
Pour Zygmunt Bauman nous sommes entrés dans une nouvelle phase de la modernité. Celle-ci, stricte et prévisible, au lieu de supprimer les institutions qui gouvernaient les devenirs individuels, en a créé de nouvelles : l’entreprise, la bureaucratie, les classes sociales.
La « seconde modernité », la « modernité liquide », permet de le rendre flexible grâce à la mondialisation et l'individualisation. Nous sommes désormais libres de nous définir en toutes circonstances.
Z. Bauman ne voit pas forcément que des effets positifs à cette insécurité permanente, dans un monde accéléré où les liens sociaux sont devenus superficiels et transitoires, y compris les relations personnelles et professionnelles où chacun recherche son bien être au détriment parfois de la collectivité et de l'avenir.
copié/collé article de Patrick Kervern
"Une société liquide est ultra individuelle, dominée par la consommation, la fragilité des liens et l’impermanence…
Le concept de société liquide a été inventé dans les années 1990 par le sociologue et philosophe Zygmunt Bauman dans une suite d’ouvrages dédiés au concept de liquidité : la modernité liquide, l’amour liquide, le présent liquide, le temps liquide et le mal liquide.
Lors d’une Conférence des Bernardins dans le cadre du cycle de l’observatoire de la modernité, les philosophes Elisabeth Geffroy et Timothée Gautier, sont revenus sur les caractéristiques de la société liquide et l’incroyable vitalité et prescience du concept dans nos sociétés contemporaines.
La société liquide consacre l’érosion, la liquéfaction des Institutions “solides” et souveraines.
Elle donne lieu à un nouveau mode de vie émancipé des contraintes traditionnelles
souvent réservé à une élite qui prône contre la stabilité issue des “sociétés solides”,
le mouvement perpétuel, le précarité, l’extra-territorialité et le nomadisme .
La guerre contre l’espace
3-En ce sens, la société liquide et les nouvelles puissances économiques et financières mènent une guerre “contre l’espace” et “contre la localité”. Selon le Philosophe Timothée Gautier “La guerre contre l’espace est un désengagement des contraintes territoriales et des responsabilités qui en découlent”.
Le tout, au nom d’un plus grande fluidité et rentabilité des capitaux “sans préoccupation économique, sociale ou écologique.”
4-Cette liquéfaction économique et cette victoire sur l’espace est accentuée par les technologies numériques qui renforcent son processus de compression spatio-temporelle.
5- Contre la fidélité et l’engagement, la société liquide consacre aussi les nouveaux départs permanents et la satisfaction dans l’éphémère et, contre la solidité des liens ou de la pérennité, une culture du déchet
Une nouvelle hiérarchie sociale
6- Des sociétés liquides émergent une nouvelle hiérarchie sociale où la mobilité et la fluidité sont les nouveaux critères de positionnement sociaux.
La société liquide oppose en ce sens, “Les mondiaux” et les “Locaux” (“the rest”) de plus en plus “dépossédés du sens de l’existence dans un monde dont ils ne maîtrisent pas les règles”.
7- La mobilité devient le principal facteur de stratification sociale de l’ère moderne. Et l’extra-territorialité est pour les élites mobiles l’accomplissement car elle représente un affranchissement de tous les obstacles physiques voire existentiels autrefois érigés par la société solide.
La fluidité du monde
8- Selon la Philosophe Elisabeth Geffroy : la société liquide liquéfie la vie collective et individuelle en s’opposant à tout ce qui demeure, ce qui tient, ce qui résiste.
Les formes sociales ne parviennent plus à cet attribut de fixité qui leur permettrait d’être un facteur de stabilité : “Elles se décomposent avant même de solidifier”.
9- Le changement permanent génère une insécurité latente et permanente “où à la moindre seconde d’innattention il risquent d’être exclus sans appel du grand jeu moderne”.
Le surplus de peur des individus va donc se fixer sur des objets de substitutions dans les objets de consommation.
10- Selon Zygmunt Bauman L’insécurité latente reconfigure les espaces urbains et crée des zones artificielles, une raréfaction des lieux communs, des “îlots de similarités” et des villes factices comme la Défense : “Ce quartier qu’on admire de loin mais qu’on ne visite pas.”
11- La liquéfaction de l’idée de communautés se reflète dans la désaffection du politique incapable de faire croire à ses promesses et à sa maîtrise des forces de la liquéfaction.
“Du héros à la célébrité”
13- La société liquide ne célèbre plus les héros mais les célébrités dont la multiplicité des images, la fréquence des apparitions et le remplacement permanent constituent des nouveaux facteurs de lien social.”
Ils ont des attributs qui conviennent parfaitement à la société liquide car, souligne Elisabeth Geffroy : “l’assemblée de leurs adorateurs peut être dissoute à tout moment”.
La consommation
14- La société liquide est celle du mouvement perpétuel où l’éphémère et le nouveau ont pris le pas sur le durable. Elle engage désormais l’individu avant tout comme consommateur. Dans ce nouveau monde la capacité à consommer définit le statut social. La consommation exalte un désir qui n’atteint jamais son point d’aboutissement et le consommateur est maintenu en état d’insatisfaction permanente : “Un consommateur satisfait est la pire des menaces” poursuit Elisabeth Geffroy.
15- “La société liquide attend que les individus réagissent rapidement et sans réserve au charme des marchandises” explique Elisabeth Geffroy. Elle s’attaque notamment aux enfants, nouvelle cible privilégiée des choix de consommations, y compris ceux des parents.
16- Dans la société liquide, le corps est placé au centre de toutes les attentions. Hissé au rang de valeur ultime il devient une fin en soi : ”Il doit être performant dans son nouveau rôle d’outil de fabrication de sensations agréables”. Cette nouvelle fonction crée une anxiété permanente et renouvelée que le marché s’empare de satisfaire.
17- Le concept de “forme” particulièrement flou et indéfinissable a donc remplacé celui de santé….La forme peut toujours être améliorée. Il n’y a pas de limite possible à l’acquisition de la forme…
18- Dans le consumérisme les mots d’ordres sont vitesse, excès et déchets. Il faut réduire au maximum le délai qui sépare l’utilité d’un bien de son inutilité. Sa désirabilité de son rejet. “Pour le consommateur la mise au rebut des choses est une promesse de rajeunissement” ajoute Elisabeth Geffroy. Le déchet est le produit de base le plus répandu de la consommation liquide.
Le défi ultime de la société liquide étant d’échapper à la menace d’être soi même un déchet. Dans la vie liquide les ascensions et les chutes se provoquent sans crier gare…
L’extension du domaine de la marchandise
19- La marché envahit désormais tous les domaines de l’existence à commencer par celui des relations humaines. Comme l’ont montré les sites de rencontres, chacun devient désormais une marchandise commercialisable capable d’exister sur un marché.
20- L’éphémère et le désengagement régissent les relations humaines. Quand une relation n’atteint pas un certain degré de satisfaction elle est donc simplement rompue. (cf. les Kits de Divorce).
Augmenter sa valeur marchande
21- Lutter contre sa mise au rebut c’est augmenter en permanence sa valeur marchande. Les réseaux sociaux comme les applications de dating relèguent les individus comme des objets valorisables sur un marché.
22- Dans ce nouveau “marketing de la personne” chacun déploie de nouvelles stratégie de management de l’identité.
23- La vie liquide exige que l’on remanie régulièrement son identité, ce que réalisent les élites avec plaisir et aisance en fonction des modes et des rencontres culturelles.
“Cette nouvelle non-fixité est appelée liberté par ceux qui l’apprécient”. Mais cette hybridation n’est pas disponible pour ceux qui n’ont pas accès au “Supermarché des identités.”
24- “Pour les élites l’identité est un passeport pour la liberté. Pour les gens du coin l’identité devient un instrument de défense contre les aventuriers” ajoute la philosophe
25- Cette injonction à la liberté et à ce devoir d’être unique a un prix, elle s’achète et constitue un privilège qui s’établit au détriment des classes les plus défavorisées et souvent avec des empreintes écologiques massives et disproportionnées.
et aussi notes ( répétitives) prises himself au cours de l'écoute de la video
"Le coût humain de la mondialisation" de Zygmunt Bauman, 1998
Définir le processus de la modernité
L'érosion progressive de toutes les structures et les totalités sociales et culturelles enfermées dans un espace local et qui devaient "retenir"...
Compression de l'espace temps provoquée par la modernisation
Ce qui provoque le passage du solide au liquide, en réaction aux forces économiques qui dissolvent les communautés traditionnelles. Forces qui s'autonomisent.
Modernité solide consacrée par la maitrise de la souveraineté territoriale exclusive et indivisible
Etat-nation formation forgée pour appliquer les règles et les normes dans un territoire donné : processus qui définit une nouvelle hiérarchie sociale.
Exclusion progressive de l'espace
Modernité liquide ? (postmodernité) : individualisme radical
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Contre ...
Contre la dimension géographique
guerre d'indépendance menée par les pouvoirs mondiaux contre l'espace
S'arracher aux contraintes de "la localité"
Contre la communauté et ses engagements pour obtenir bénéfices financiers
Plus de limites à la théorie d'exploitation
Désirs hors-sol des élites qui échappent à leurs responsabilités
Fin de la géographie et non de l'histoire
opposition de plus en plus nette entre les mondiaux et les locaux
Les mondiaux ont une capacité d'adaptation dont ils fixent eux-mêmes les règles
Mobilité marqueur d’une nouvelle stratification sociale
Dépossession sociale
les locaux non structurés en îlots de résistance
liberté seule forme possible de revendication pour eux
Indépendance totale dans la mobilité, désincarnation, libération de l'incarnation, les corps ne comptent plus
Organisation de l'espace ? : extraterritorialités, visant à rendre inaccessibles ces "nouveaux" lieux.
Disparition des espaces communs, des agoras privés/publics où s'élaboraient les valeurs d'une communauté.
Les jugements binaires "descendent" et dépossèdent les "locaux" de la possibilité de donner du sens à leur vie, expropriés de leur pouvoir de résistance éthique dans la concurrence des oligarchiques et démultipliée par les outils ( le numérique) qui l'ont faite advenir.
Fluidité du monde et de la vie
Société organisée par le consumérisme
Liquéfaction de la vie collective et individuelle
Contre la routine solide qui demeure, qui tient : il y a ce qui passe.
Les routines, les traditions socialement formées se renouvellent en permanence et vite et se décomposent avant de se solidifier . Plus de base pour élaborer une stratégie cohérente, plus de bien durable.
Menaces : tout atout peut devenir handicap.
Peurs dans un monde imprévisible : Nouvelles peurs
Architectures de la peur avec caméras et bunkers
Les entreprises fuient la vie réelle où se concentrent les sièges sociaux
Les villes deviennnent insécures.
Peurs omniprésentes/ sécurité
Bidonvilles, ailleurs, camps de réfugiés pour exclus
Raréfaction des espaces publics où l'on accède sans sélection, espaces où les inconnus différents de moi se rejoignaient.
Refuge dans des ilots de similarité : rapport individu collectif à repenser
Désaveu de la classe politique
Disparition de la "communauté" nationale
Le héros qui calcule comment son geste va agir après sa mort et le martyre, celui qui, dans un acte solitaire préfère la mort au mensonge, disparaissent.
Les Etats qui tiennent de moins en moins leurs promesses, ils préfèrent les consommateurs, ils n'ont plus besoin de héros qui heurtent les piliers de la liquidité : le héros est lié à la construction des nations. Or la souveraineté est découpée, planétaire.
Il exige de sacrifier sa satisfaction présente au nom de buts lointains, l' individu au collectif.
Il n'y a pas de mise à l'épreuve, à la place, on fait appel aux célébrités, à une abondance d'images, facteurs d'un lien social éphémère.
Une assemblée qui dispense de toute forme d'engagement, assemblée sans souffrance.
Le principe est celui du mouvement perpétuel, de la peur de la stagnation de l'aboutissement, de la ligne d'arrivée; croyance en l'action sans volonté d'émergence d'un monde commun.
Principe qui condamne les gens à l'impuissance
Culture ? Même là, flexibilité sans attache. Nouvelle manière d'être au monde.
Société de consommation, promesse de satisfaction.
Mais multuplication des fausses promesses.
Le besoin devient contrainte; pas de point final; activité autoréférencée qui a comme seul but sa propre consommation.
La capacité à consommer définit le statut social. Tout est remodelé en fonction de la consommation.
Avant, de l'usine au champ de bataille, dans une vie de labeur, le corps était prioritaire.
Gestion aujourd'hui des esprits. Triomphe dans la satisfaction de soi
Pression des marchés; renversement des valeurs attachées à l'éphémère.
Ne pas retourner à la tranquillité au repos.
Pas d'accumulation, de multitude de nouveaux commencements, de nouveaux achats.
Le corps, valeur ultime, outil de fabrication de sensations agréables en continu.
Réduire l'anxiété; être "en forme" améliorable, toujours, addiction.
Contrôlé avec des instances de régulation qui changent.
Vitesse/excès /déchet
Dates limites de jouissance.
Promesse de rajeunissement par le nouvel achat.
La mise à la poubelle nourrit une culture du désengagement et de l'oubli.
Grand défi : les déchets
Risque : frontière marchandise et consommateur brouillée.
La vie de chacun peut être comparée à un déchet.
Les ascensions et les chutes se poursuivent sans crier gare.
Il perd de son utilité pendant même qu'on l'utilise.
Ephémère et désengagement
Succession de problèmes à résoudre dans le marché.
Les liens solides entachent notre mobilité
Avoir des enfants est devenu problématique, s'engager sans date de péremption
pas de remboursement garanti. Ne tient pas dans une notice et appauvrit les parents.
Se prémunir contre la mise au rebut.
Objet valorisable.
Identité plus attachée.
Mais un projet à remanier tout le temps.
Finie la consistance, les élites changent, recomposent leur identité : non fixité des identités. Liberté.
Post hiérarchie délaissant les références du passé. Hybridation culturelle décompose recompose en fonction des rencontres culturelles .
Embrasser le multiculturalisme, mélanger, mais séparation de ceux qui ne pratiquent pas cette hybridation, des "Nowhere", des gens "du coin"," insignifiants", "d'un trou paumé" assignés à un lieu précis.
nouvelle règle du jeu : besoin de liberté et de sécurité (injonction) : fardeau qui attache, flexibilité.
On jette les maillons faibles.
Bienvenue dans un monde "liquide" qui encourage l'innovation et la créativité...