"La novlangue" chez Georges Orwell : reprise un peu transformée d' un article Wikipedia

Publié le par Claire

"La novlangue" dans 1984 de Georges ORWELL. C'est la langue officielle d’Oceania, créée pour satisfaire les besoins idéologiques de l’Angsoc (pour English Socialism).

Elle  doit favoriser la parole officielle et empêcher l'expression de pensées hétérodoxes ou critiques.

Elle est destinée à remplacer totalement l'anglais standard un objectif fixé pour les années 2050. Son usage se répand constamment. Selon l'auteur de l'annexe fictive au roman, 1984, la novlangue utilisée en 1984 repose sur  « des éditions provisoires Newspeak Dictionary  qui contiennent encore beaucoup trop de mots inutiles et de constructions archaïques destinées à être supprimées ultérieurement. ». Ce que réalisera la 11e édition.


                                            CARACTERISTIQUES :

LEXIQUE réduit pour  restreindre l'étendue de la pensée.

VOCABULAIRE réorganisé en trois classes A, B et C. Très peu de mots sont communs aux trois classes.Le vocabulaire A ne contient que les termes nécessaires au travail et à la vie quotidienne : manger, boire, travailler, etc. Il est formé sur des mots anciens. L'univocité des termes empêche désormais tout usage littéraire, politique ou philosophique. Le  B contient les mots composés construits à des fins politiques. Il est formé par des nom-verbes et contient une foule de  néologismes. Le  C est spécialisé. Il est entièrement composés par des termes scientifiques et techniques.

GRAMMAIRE : Principes grammaticaux communs à toutes les classes lexicales. 2 particularités : l'interchangeabilité des parties du discours et la régularité (la règle grammaticale ne connaît plus d'exception).


L’idée fondamentale de la novlangue est de supprimer toutes les nuances d’une langue afin de ne conserver que des dichotomies qui renforcent l’influence de l’État.

Un rythme élevé de syllabes est aussi visé, avec l’espoir que la vitesse des mots empêche la réflexion. De plus, si la langue possède le mot « bon », il est inutile qu’elle ait aussi le mot « mauvais ». On crée le concept « mauvais » en ajoutant un préfixe marquant la négation (cela donnera « inbon »).

La grammaire est aussi très simplifiée ; ainsi le pluriel est toujours marqué par un s (on dit « des chevals » et « des genous ») ; les verbes se conjuguent tous de la même manière. Un verbe doit toujours dériver du nom correspondant quand il existe. [...]


  L’idée sous-jacente à la novlangue est que si une chose ne peut pas être dite, cette chose ne peut pas être pensée durablement faute de renforcement par l’échange. La question soulevée par cette supposition est de savoir si nous définissons toujours la langue ou sommes parfois « formatés » par elle. Par exemple, peut-on ressentir l’idée de « liberté » si nous ignorons ce mot ?

 >>>> Cette théorie est liée à l’hypothèse Sapir-Whorf*** ...

Du nom de deux linguistes américains des années 50, Edward Sapir et Benjamin Lee Whorf, qui aboutirent à la formulation d'une thèse - référence pour le relativisme linguistique


*** expli sur le site  : 
http://www.scienceshumaines.com/index.php?lg=fr&id_article=10888

 L'hypothèse Sapir-Whorf. Les langues donnent-elles forme à la pensée ? par Nicolas Journet

En gros, les hommes vivent selon leurs cultures dans des univers mentaux très distincts qui se trouvent exprimés (déterminés?) par les langues différentes qu'ils parlent. Ainsi l'étude des structures d'une langue peut-elle mener à l'élucidation de la conception du monde.  


>>>> et à la formule de Ludwig Wittgenstein : « Les limites de ma langue sont les limites de mon monde » >>>> Elle fait également écho à l'ouvrage Le Cru et le Cuit de Claude Levi-Strauss.


                                                       Double pensée

Outre la suppression des nuances, la novlangue est une incarnation de la double-pensée: capacité à accepter simultanément deux points de vue opposés et ainsi mettre en veilleuse tout esprit critique. La double signification des mots possède le mérite (pour ses créateurs) de dispenser de toute pensée speculative et donc de tout germe de contestation future. Puisque les mots changent de sens selon qu’on désigne un ami du parti ou un ennemi de celui-ci, il devient évidemment impossible de critiquer un ami du parti, mais aussi de louer un de ses ennemis.

Prenons pour exemple le mot « noirblanc ». Quand il qualifie un ennemi, il exprime son esprit de contradiction avec les faits, de dire que le noir est blanc.

Mais lorsqu’il qualifie un membre du Parti, il exprime la soumission loyale au Parti, l’aptitude à croire que le noir est blanc, et plus encore, d’être « conscient » que le noir est blanc, et d’oublier que cela n’a jamais été le cas (grâce au principe de « doublepensée »).

Une autre idée de la novlangue est d’associer deux termes différents en un seul mot afin que la pensée de l’un soit irrémédiablement associée à la pensée de l’autre : "crimesex"…

                                             
Pierre Bourdieu, Intervention au Congrès de l’AFEF, Limoges, 30 octobre 1973


« J’ai été frappé de me heurter au fait que les mêmes interlocuteurs qui, en situation de bavardage, faisaient des analyses politiques très compliquées des rapports entre la direction, les ouvriers, les syndicats et leurs sections locales, étaient complètement désarmés, n’avaient pratiquement plus rien à dire que des banalités dès que je leur posais des questions du type de celles que l’on pose dans les enquêtes d’opinion — et aussi dans les dissertations. C’est-à-dire des questions qui demandent qu’on adopte un style qui consiste à parler sur un mode tel que la question du vrai ou du faux ne se pose pas.  

Le système scolaire enseigne non seulement un langage, mais un rapport au langage qui est solidaire d’un rapport aux choses, un rapport aux êtres, un rapport au monde complètement déréalisé. »
 

Publié dans citations. Notes.

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T
Pour vous signaler un chouette dico de novlangue ( http://guerre.libreinfo.org/novlangue/dico-de-novlangue.html )<br /> <br /> Cordialement
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