Sur le thème de la jalousie. Bernard Forthomme, cite André Thibaut qui, en 1984, parlait de ''la jalousie''. Ce dernier, modifie son propos en 2012. Concernant les oeuvres des deux auteurs cf. liens : 1) litterature.org; 2) bibliographie B. Forthomme shs.cairn.info
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https://www.litterature.org/recherche/ecrivains/thibault-andre-736/
Merci beaucoup à André Thibault, l'auteur, entre autres, d'Aimer au pluriel, pour ces quelques mots récents, écrits en 2012 qui apportent un éclairage permettant de nuancer la courte citation qui suit, hors contexte et écrite en 1984 : "La peur de perdre sa place dans la vie de quelqu’un est insensée : on perd rarement sa place, on perd plutôt son rang. Mais cela est vrai seulement si chaque relation s’exprime pleinement dans son originalité. Sinon, elle crée de toutes façons une inquiétude permanente. L’arrivée d’une tierce personne ne fait que confirmer cette inquiétude." , André Thibault, Aimer au pluriel, p.104.
André Thibault écrit en 2012 :
"Vous avez cité dans le livre de Bernard Forthomme un extrait sur la jalousie,
le seul qui ait survécu de mon livre ''Aimer au pluriel''.
Il s'agissait en fait de libertinage et non d'amour.
Je pense aujourd'hui qu'il est tout à fait normal et sain de souhaiter être un être unique aux yeux de la personne avec qui on a engagé sa vie.
Comme l'écrivait un jour mon compatriote François Hertel, ''chaque âge a ses plaisirs''.
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Extrait long de La Jalousie — Puissance élective, Logique divine, force naturelle et passion humaine, de Bernard Forthomme ( auteur ) et Jacques Le brun pour la Préface, aux éditions Lessius, à Bruxelles, en 2005, diffusion en France par le Cerf, 815 pages.
Jalousie: n.m. Sentiment égoïste de possession d’un sujet objectivé.
Une théorie de la jalousie prétend qu’elle aurait comme origine le souci du mâle pour s’assurer que la femelle a bel et bien été fécondée par lui[...].
La jalousie chez la femme serait un fait culturel issu du dérèglement social provoqué par la guerre génétique des mâles.
La proportion qu’elle prend lors de séparations de couples exclusifs,
c’est-à-dire le meurtre,
fréquent à la suite d’infidélités et d’adultères,
est très pathologique.
Que la jalousie soit naturelle ou non,
il faut au moins avouer que ce que la civilisation en a fait est un délire qui tient de la folie.
La jalousie est une angoisse de séparation ; on a peur qu’autrui parte, par extension qu’il s’attache à un tiers.
Le prix de la liberté, c’est l’acceptation de cette angoisse : en effet, il n’est possible d’entretenir des relations parallèles que si autrui n’est pas jaloux ; le meilleur moyen qu’il ne le soit pas est de n’être pas jaloux soi-même.
"La peur de perdre sa place dans la vie de quelqu’un est insensée: on perd rarement sa place, on perd plutôt son rang. Mais cela est vrai seulement si chaque relation s’exprime pleinement dans son originalité. Sinon, elle crée de toutes façons une inquiétude permanente. L’arrivée d’une tierce personne ne fait que confirmer cette inquiétude."
André Thibault, Aimer au pluriel, p.104.
La jalousie est une tension entre la soif de liberté et l’angoisse de séparation.
Ce qui est pathologique, c’est l’angoisse de séparation qui étouffe et éteint la soif de liberté ;
c’est l’exclusivité sexuelle du couple compulsif.
Les libertins éthiques ont une grande soif de liberté, et leur angoisse de séparation se concrétise par une envie de continuité qui ne dégénère pas en exclusivité..
Bernard Forthomme : Oui, non seulement la jalousie n’est pas d’abord un sentiment élaboré
ni une simple émotion, mais elle se passe pratiquement sans psychologie....On ne naît pas
jaloux, on le devient, et d’abord par l’entourage. Si je ne suis pas jaloux, d’autres le sont pour
moi et risquent de me contaminer.
La jalousie est un héritage,
viendrait-il, comme chez Proust,
d’un effet de mémoire ou par le biais de cette anticipation que Nietzsche nomme la mémoire du futur.
La jalousie est toujours contractée.
C’est pourquoi le Livre de la sagesse n’en attribue pas
l’origine à l’homme et à la sagesse serpentine qui l’habite (comme dans le récit fameux de la
Genèse), mais nommément au diviseur de l’humanité, au diabole !
Le mot français désignant la jalousie est d’ailleurs une simple transcription d’un mot étranger, du terme grec zèlos — dont l’ambiguïté est plus forte encore que la notion de zèle (qu’il faut qualifier d’opportun ou d’intempestif pour le caractériser négativement).
La langue française n’a pas forgé un vocable plus connaturel à une langue romane que le mot envie, venant d’in-vidia, ce qui fait songer au mauvais oeil.
Il y a là un je ne sais quoi d’étranger qui tout à la fois nie et entend pénétrer un secret
(suivant le double sens du préverbe latin in).
Quant au terme hébreu
qui désigne la jalousie de Dieu même, le nom qu’il se donne en première personne — Qinah
—, il suggère d’abord l’idée d’un bouillonnement, d’une énergie, en l’occurrence, celle de la
sainteté farouche.