167 ''Qui donne les formes du visible...?''

Publié le par Claire Antoine

167 ''Qui donne les formes du visible...?''
                                                                   « Un invisible oiseau dans l'air pur a chanté...» Aube de Cécile Périn
 
 
Qui donne les formes du visible
qui retient les murs,  
qui pèse sur les toits
les empêchant de s’envoler
les collant aux en-haut des murs
percés de portes
qui battent
quand elles sont ouvertes ?
 
Notre maison du jardin de la colline
de la colline aux orvets et à la vigne grimpante
notre maison encastrée entre les résidences
qui baille et qui veille
qui résiste aux coups aveugles du dehors
aux coups sourds du dedans
qui attend dans le temps qui fuit.
 
Les oiseaux de l’été sont maintenant partis.
Je les ai à peine entendus.
Trop tard pour les suivre des yeux.
 
Après la vie d’hier
pour se ressaisir avec son âme
roulée en boule
nouée en cœur rouge et noir
au fond de l’âme
par les forces du corps
carapace, coquille
qui se fendille, se lézarde et se casse
roulée sous les coups
inégaux et répétés du ressac
léger de la mer endormie,
ceux d’une vie enveloppée
enfarinée, pétrie et enfournée.
 
Le ciel lui est peut-être interdit
mais elle le cherche
dans les clairs de lune
parfois lorsque ses yeux écarquillés
se plantent dans les étoiles.
 
Je ne sais pas célébrer
les noces du verbe et de la chair
comme ce poète araignée
d’une toile qui se balance
à petit noeuds sur le fil
translucide qui passe
tremblotant par le cœur
 
Je boitille dans mon arrivée
au bout de la route vers toi.
Je te parle, à terre, couchée
face au ciel 
qui peut-être n'existe pas ailleurs
que dans les traits bleus enfantins
crayonnés en bordure haute sur une feuille.

 
 

 

Publié dans poème

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