Non ! la poésie n'est pas morte "Pontiffroy-Poésie" a invité Charles Pennequin, poète performeur le 23 juin 2012
" Mais rien à faire, la vie nous sourit aujourd’hui. La vie est tout sourire pour nous et pourquoi?
Parce que c’est ainsi, nous avons le sourire permanent de la vie.
La vie permanente. La vie sans soucis.
La vie permanentée et qui sourit dur. C’est béton aujourd’hui. C’est dur de maintenir un tel sourire.
De garder le sourire dur du jour. Se regarder sans rire.
Le regard dur sur un sourire maintenu. C’est maintenant et c’est dur.
Tout est dur aujourd’hui, même pour les sourires permanentés du vivant.
Faudrait changer de disque. Trouver une autre chanson. Un autre air pour le jour.
Pour sourire moins durement. Pour être moins éprouvé par la permanence sourire.
Il faudrait changer de mode.
Mais changer de mode c’est changer de temps. Car le temps change la mode[...]"
Né en 1965 à Cambrai. Vit à Lille. Sa rencontre avec Christian Prigent au Mans en 1993 sera déterminante. Il écrit ses premiers textes qu’il lit aussitôt en public dans un phrasé rapide, né de la tension qu’il ressent face au public. Cette précipitation deviendra son trait de style.
Un premier livre « Le père ce matin », publié par Mathias Pérez (Carte Blanche) va donner le « ton Pennequin », à nul autre pareil.
Puis ce sera d’autres rencontres, comme celles de Christophe Tarkos, Vincent Tholomé, Pascal Doury, et la création de revues éphémères (facial, TTC, Patate…).
Charles Pennequin est aujourd’hui un poète performer dont l’engagement physique, lors de ses prestations scéniques, impressionne. Il se produit souvent avec des musiciens, joignant à leurs improvisations musicales ses improvisations orales.
En 2007, il fonde l’Armée Noire, revue manifeste avec ses amis Antoine Boute, Cécile Richard, Jérôme Bertin, Edith Azam…). « Un groupe de gens pas très fréquentables », « des parasites qui font bip dans le discours », un groupe rejoint aussi par des artistes lors d’interventions ponctuelles en des lieux divers, parfois inattendus. Le public est parfois invité à participer, dans une invention collective improvisée.
On peut lire, ici et là, cette phrase le présentant :
« Charles Pennequin poète fait des poèmes simplifiés ou standard des improvisations au dictaphone travailleur de lui-même à travers la parole de l’autre il se dit écouteur de sa propre mort dont il n’a plus de nouvelles depuis la naissance. »
Il est, pour reprendre le titre d’un de ses livres, « dedans », c'est-à-dire dans une introspection radicale. Mais ce « dedans » convie « la bête humaine » qui se trouve en chacun de nous et qu’il ne supporte plus. « Etre dans le monde des humains est une immense prise de risque », écrit-il. C’est ça qui l’entraîne dans le vertige d’une langue révoltée qu’il va nous faire partager.
De nombreux livres jalonnent son parcours. Parmi les derniers : Au ras des pâquerettes (Dernier Télégramme, 2012) Comprendre la vie (POL 2010), Pas de tombeau pour mesrine (Al Dante, 2008), Bibine (éd. de l’Attente, 2008), La ville est un trou (POL, 2007).
capture de sons Charles Pennequin