Récit - "Mea culpa" mais, bon..."mea", pas seulement... Récit de Wilhelmine à la première personne
Récit appartenant au triptyque théâtre/récit/journal de bord
(Théâtre : émission, genre : courte pièce en 4 parties et Nouvelle : Marjorie, ou "le théâtre ?" Elle adore... Zut, quoi !!!! )
Prenons le spectacle de fin d'année de l’atelier-théâtre ( j'en suis l'animatrice. Vous ne me connaissez pas, je me présente...mon nom est Wilhelmine ) d'un des quartiers d'une ville, (du nord de la France, mais cette précision n'a en fait aucun intérêt ici), ville petite, mais qui, quand même, se prend pour une grande, ( ça c'est juste une référence à une pub pour les voitures d'une marque que je ne citerai pas ) et où il est fait allusion à des personnages dont la ressemblance avec des personnes existant "en vrai de vrai" n'est que, fortuite...( là, banalité qui ne se commente même pas.)
Tout ( le spectacle) s'est bien passé, évidemment. ( des saynètes de J-M Ribes et de Dubillard...Autant dire que c'est "coton" parce que très à la mode, et sorti en DVD.)
Ouf, il était temps que cela se termine. Dislocation. Démembrement.
Pour tout vous dire, je reste généralement partagée entre le désir d'être une "bonne fille" bien adaptée, gentille, accueillante, solide, capable, dont on peut dire qu'elle a fait ce qu'elle a pu (elle peut peu, c'est entendu), acceptée donc par une majorité aux contours flous mais très contraignants que je connais par cœur, (par esprit et même par corps), et celui de ruer dans les brancards et/ou, souvent,- mais je sais que ce n'est pas adulte, comme attitude- de prendre la fuite...
Quand je suis confrontée à des gens que, dans ma jeunesse, sous l'influence de mes parents, j'aurais qualifiés d'"effrontés", qui foncent tête baissée, dès qu'ils pensent avoir repéré des faiblesses, des "incompétences", parce que c'est certain, on n'attendait qu'eux...qui sont accueillis gentiment et qui ensuite sans tenir compte des caractéristiques du milieu dans lequel ils "s'échouent", jugeant tout à leur aune, sans nuances, en avant toute, mon ego et moi, se montrent intransigeants, voire despotiques, dans tous les cas méprisants, je suis sidérée, blessée.
J'ai pris il ya deux mois la décision de ne pas tout plaquer et de mener le spectacle de fin d'année à son terme, en supportant les difficultés, pour Yann, mon compagnon de route, ( vous savez cette image de la route de la vie semée d'embûches )qui s'engage pour moi dans cette affaire et qui est pris en quelque sorte en otage ( je compte sur l'ancienneté et l'authenticité de nos relations pour un retour à l’équilibre ) et j'oubliais, je reste bêtement pour le théâtre...Je comprends un peu ce que veut dire la phrase : "le spectacle continue". Finalement ce que ces gens et moi voulons, c'est (sans doute au fond pitoyable, ( j'exagère un peu, là...Un vieux fond de sadisme ) nous exhiber et demander à ceux qui prennent sur leur temps pour venir nous voir, de nous accepter, de nous aimer un moment, de combler nos manques, de nous recoller quelques instants dans le dénuement de la confrontation.
Ces conflits, venant de croisements de demandes "narcissiques" compensatoires, plus ou moins fortes, urgentes et exigeantes, d'accumulations de préjugés, pour certains, les plus agressifs, sociaux, à n'en pas douter...Ce qui nous donne des remous dans la sphère culturelle. Aïe ! C'est chaud...Escarmouches, à fleurets pas toujours mouchetés...
Tout est prétexte aux échanges muets (parfois), excédés...
"Encore...ça va être comme ça longtemps, ça va être ta fête, tu vas te faire engueuler...Quelle frime...dans ce quartier proutprout... (Expression délicieuse) qu'est-ce qui sont cons, y savent pas ce que c'est que le théâââtre. Y faut que je prenne tout en main. Bonjour l'ambiance les copains....franchement, j'ai envie de me barrer (Mais qu'est-ce que vous attendez donc ????)".
Plaisir...
Je ne peux, ni ne veux, supporter des ambiances pareilles.
Ma manière à moi, il semblerait que j'en aie une, c'est d'être là, d'ouvrir mes capteurs, sans juger,( ce n'est pas ici un cliché, ce serait plutôt à inscrire au registre des incapacités; genre "manque de discernement"... ) même si j'ai des préventions ou des signaux d'alarme, que je me refuse à interpréter, parce que je pense à juste titre que je ne sais pas tout, autrement la vie ne serait pas marrante (c'est peut-être ça, mon « péché mignon»...ou c'est pire, le réel me pétrifie, sa brutalité et son évidence ...). Je suis très angoissée, et ma seule possibilité, c'est d'attendre, afin que les contours soient dessinés que je puisse les "toucher" en quelque sorte afin d'intervenir et de trouver ma place, même si c'est moi qui, comme là, "anime" les rencontres.
Je refuse absolument de me servir des "trucs" que j'ai pu apprendre dans des stages de gestion de groupes, de conflits et autres boîtes à outils tout cet arsenal destiné à favoriser la "COMMUNICATION" , et l'emprise sur les autres, la manipulation consciente. Et pourtant, des stages j'en ai subi et même organisé...Ce qui ne veut pas dire évidemment inconsciemment...
Mais c'est vrai aussi que je ne cherche pas à rassurer par des mots convenus. Pour certains il doit être difficile, de travailler avec moi. Je revendique le droit à la spontanéité dans mes réactions. Au cours des répétitions, généralement, j’oublie tout et j’entre en sympathie avec celui qui joue. Je ris spontanément, et souvent. (L’ambition de ce groupe est précisément celle de faire rire. "Allez, Mine ( c'est mon surnom...Ni Minette ni Bonne-mine ) déjà que la vie n'est pas drôle...Avec tout ce qui se passe"... J’estime, pour ma part ( et là, attention, ça n'en a peut-être pas l'air, mais j'y mets quasiment un point d'honneur ) que la concentration dont je fais preuve, au moment des répétitions, ainsi que l'intérêt marqué pour le jeu de chacun, sont suffisants pour légitimer le comédien. Je ne lui tape pas ensuite encore dans le dos en lui répétant qu’il a été merveilleux…Ce qui je crois est assez mal perçu,... mais qui a parlé de sadisme, tout à l'heure??? Évidemment, quand je suis mal à l’aise, fâchée, ça se comprend très vite. Je reste inerte. J’ai encore d’autres défauts aux yeux de certains. Celui, par exemple d’accepter jusqu’au dernier moment les changements dans le jeu. Un risque qui vaut le coup, à mon sens. Pour ne pas mourir d'ennui. (On peut dire aussi, si on est "méchant" ou lucide... par manque de pratique) J’ai entendu dire aussi, au cours de ces dernières semaines (par des gens arrivés il y a deux mois d’une vrrrraie trrrroupe) que je n’étais pas assez dirigiste avec ces « débutants » (certains travaillent avec moi depuis trois ans et qui continuent à avoir des défauts de diction. Mais bon je trouve un certain charme à ces dits défauts...Mais je manque peut-être de goût...Allez savoir ! ). En gros, je devrais dire ce qu’il faut faire et… on imite…on essaye d'imiter...Et on n' y arrive jamais. C'est le principe. Mais, mon ambition ( !!! ) est de les laisser trouver en eux, le « bon » geste, le ton adapté etc. J’attends le moment où l’acteur (même absolument non-professionnel, le terme peut paraître prétentieux, mais l'acteur, c'est bien celui qui agit, non ? ) et le personnage me semblent enfin faire corps. Quand on me dit, à voix basse mais péremptoire, que seuls des comédiens chevronnés peuvent réussir un tel travail, je sais que ce n’est pas vrai. Que le temps et les essais successifs, permettent, (bien sûr dans un climat de confiance, et c’est peut-être bien ce qui a été entamé depuis le mois d’avril, cette confiance là, nécessaire, indispensable) d’obtenir des résultats encourageants. Ils sont parfois déstabilisés, j’en conviens. S’ils ont besoin d’une maman, ou d’un papa…Et pourtant, normative, ça…oui,…je suis, aussi, avec mon bagage littéraire, enserré dans une certaine attirance pour la métaphysique. J’ai besoin, par jeu et par habitude de toujours chercher les références livresques.
Et dieu sait que des livres théoriques sur le théâtre, j’en consomme…
Je ne sais pas pour qui j’écris, mais en me relisant, j’ai comme l’impression que je cherche à me justifier. Que de parenthèses. Le mot exact serait, si j'en crois mon dictionnaire, "paremboles". Tant pis. ...
Une heure avant le début du spectacle, j'ai fait mes adieux au groupe, ( pour éviter les adieux déchirants mais qui ne veulent pas dire grand chose et qui surtout n'effacent rien de "l'avant-succès" ) que j'ai laissé dans un état d'incertitude, propice à la création, n’est-ce pas ?….
La preuve...c'était très bien. Tout le monde était ravi. Et le pot qui a suivi très réussi.
Mes "ficellesdecaleçon", ma bonne Mimine...
Je ne mangerai pas la "pizza" traditionnelle, dans trois jours. Yann non plus. Inutile de téléphoner. ZUT.