Valeur de l'émondage en poésie cf Francis PONGE et Jules RENARD
"La langue a ses floraisons et ses hivers.
Il y a des styles nus comme des squelettes d' arbres,
puis arrive le style fleuri de l'école du feuillage, du touffu, du broussailleux.
Puis, il faut les émonder."
Jules Renard Journal 1887 1910 (12 septembre 1901)
Francis PONGE
"Le poète, vêtu comme un arbre parle contre le vent"
Idéal ascétique d'une poésie délivrée de tout bavardage, de l'éphémère des effusions : mise en valeur du tronc.
L'exercice de la parole poétique suppose le renoncement aux "fruits" extérieurs de la vie. Dévalorisation du feuillage. Défiance à l'égard des excès du langage.
Elagage pour mourir aux lieux communs et venger des mots l'illégitime abus.
Les "arbres las de s'être contractés tout l'hiver" lâchent un ..."vomissement de vert"..."Toujours la même feuille, le même mode de dépliement...toujours des feuilles symétriques à elles-mêmes." Flux intarissable du bavardage. Chacun croit s'exprimer alors qu'il se perd dans l'uniformité et l'anonymat d'une parole purement répétitive qui occulte la différence.
Surabondance stérile des paroles qui recouvrent plus qu'elles ne dénudent
"Laissons tout ça jaunir et tomber
...vienne le dépouillement de l'automne."