Pour KOLTES...Extraits de "La nuit nous ôte..."par P-A VILLEMAINE( notes dLLEMAINE'un acteur)
Voix de KOLTES
Carnets SEGUIER, 2004
Extraits de l' article de P-A VILLEMAINE
"La nuit nous ôte notre preuve"
Pendant les répétitions, il n'a pas envie de parler ni surtout d'argumenter...Il écoute le silence, l'espace. Il assiste son corps...Il se sent incapable de répondre correctement à une question....Il fait naître la rumeur intérieure....Etat de réceptivité et d'oubli sans réserve. ...Il attend. Il veille. Il veille au retour d'onde.
Les silhouettes des acteurs ne se découpent plus d'un décor, mais font corps avec cet espace ouvert...Equivoques,...dans l'entre-deux, à la fois présents et absents, à la fois figures et fonds.
Dans la menace imminente de leur disparition, de leur absorption par le fond...Le corps est espace....L'acteur ne ressemble à rien, il n'est pas autre chose que ce qu'il est, il se ressemble, écarté du secret qu'il détient, secret sans secret, à découvert.
Un sentiment de solitude. Une qualité de suspension...
Pour parler une langue qui ne serait pas celle d'un sujet...
Englober le spectateur à l'intérieur de l'espace. L'acteur n'est plus devant moi, mais avec moi,... il me traverse.
Désir d'une communication intense.
Désir de franchir la distance - infranchissable, en fait- qui sépare.
Des ...fils traversent l'espace, ils composent un réseau de tensions, de passages, de frôlements, de touches à distance. Précarité, inquiétude, délicatesse de cet abordage qui à chaque instant reste soucieux de ne pas forcer le rapport, qui se garde de prendre le spectateur en otage.
(reflexion perso : c'est peut-être ce qu'a voulu faire Jean de PANGE avec sa "mise en espace" à Saint Pierre aux nonnains, de la correspondance de Koltès ? )
Il fait jouer la frontière. Il prend acte de la limite et l'active....Il...met en oeuvre toute une sensualité de l'espace en vue de produire une intimité, un lieu d'échange entre des solitudes, un recueillement.
C'est un laisser-faire, une passivité active, une écoute et un agir.
L'excès du dire...trop plein ...trace d'un vide qu'aucune parole ne peut combler. Ce qui est dit ne délivre pas de ce qui reste à dire....Ce reste, trace, déchet, rebut qui excède et m'excède. C'est ce trouble qui soutient et relance cette parole : plus je parle et plus ce creux se manifeste, plus l'affect s'exaspère...
...Je rêvais de pure transparence là où il n'y avait que posture.
"L'homme véridique finit par comprendre qu'il n'a jamais cessé de mentir."
Il tenait à son angoisse, il en prenait soin....effets destructeurs, mais aussi apaisants...rythme à une vie sans logique apparente.
Ainsi avait-il peur de perdre son angoisse.