129 - Passage pour les sentes du passé
"Die Welt ist fort Ich muss dich tragen"
Clôture d' un des poèmes de Paul Celan , extrait du recueil Atemwende (Renverse du souffle. « Un vers dissocié et conjoint au poème et à toute l'oeuvre de Celan », écrit Jacques DERRIDA.
Le poète écrit face au réel d'hier arraché à la présence.
Il porte un monde qui se dissout
Ni illusion ni mirage
Réapparu comme célébration
Avec dans le cadre des restes dérobés
Ossements désaccordés
D'un monde mort.
Les montants de la porte le retiennent
Pour qu'il revienne
Dans le goulet
Sas d'intermondes.
Hier traîne dans mes mots que je tire
Hier disparu tracé dans mes mots dessinés par mes phrases et mes strophes.
Ma lyre chante dans le temps où ta voix monte
Différant de toi
Et de ce monde projeté
Depuis moi vers toi
Dans ce texte monde perdu qui dit
Ce que je vois
Qui se dissout
Inexorablement
Sous le soleil les tamaris
Perdent leurs tendres couleurs de printemps
Le clocher sous lequel les cloches ne sonnent plus les heures
Qu'entre neuf heures et dix-neuf heures
Les lilas blancs et parmes fanés
Mais encore embaumant
Jusque dans la cuisine
Et par centaines des boutons d'or
Des insectes
Des papillons
Des abeilles
Qui bruissent
Vers le soleil.