Avant propos et mise en garde. Pour une lecture du "Magicien Muzot" de E.M. Mungenast. ( Parue dans "les feuillets d'ERATO")
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Quelques courts éléments d'une lecture, banale, primaire et incomplète, sans méthode critique,
du Magicien Muzot , de E.M. Mungenast (Metz, 1898- Stuttgart, 1964)
AVANT-PROPOS
Mise en garde, par rapport à...
...ce qui est dit, dans le roman, au-delà de la narration et je pense, au-delà même de la conscience claire de l'écrivain, qui ne cherchait pas forcément à entrer dans la catégorie des écrivains engagés, même s'il voulait malgré tout faire passer un message. Cependant suis-je capable de "penser sereinement" d'une manière distanciée et critique ?
- Qui suis-je pour échapper à mes conditionnements...? Professeur de Français (et non de Sciences Humaines) retraitée, messine de toujours, alors que dans mon esprit en limon fertile se côtoient (en vrac sans nuances ni vérifications et aussi sans chronologie, juste ce qui me reste à moi qui n'écoutais, hélas ! que d'une oreille souvent lassée...les récits de la fable familiale) ceux de mes ancêtres venus de la vallée allemande de la Moselle, une mère fonctionnaire, messine de "Lorraine allemande", un père, fonctionnaire, de Lunéville dite "Lorraine française", soldat du Rhin, mobilisé à Constantine, un grand-père vosgien, officier, sur la base aérienne de Nancy, l'autre, tonnelier, boucher, chômeur, chauffeur-livreur, né à Thionville, blessé par balle, ayant perdu un poumon, comme soldat allemand au cours de la première guerre, mort français, seul, sur la route de Neufchâteau, un soir de glacial hiver, à la fin de la deuxième, un cousin germain de ma mère, "Malgré-Nous" né à Metz, déserteur de l'armée allemande ayant perdu un pied, gelé, sur le front russe etc., sans compter un beau père, "le Victor", français originaire d’ Italie, "passeur" entre Ars et Pagny ? Le puis-je ?
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- L'oeuvre entre dans une polémique encore vivante. Elle est soumise à une juste critique, à cause surtout de la récupération qui en a été faite, par les Nazis. Ces derniers, après avoir durant deux années interdit le livre,ont fini par y lire un soutien idéologique, une apologie de la force, et tout ce qui va avec, "sur la même liste"qui valorise : l'origine, le masculin, la pureté, le pouvoir, l’idée de race, d’identité, la mythologie, le romantisme de la terre natale… sans que cette vision du monde soit interrogée, minée de l'intérieur, comme elle l'est chez d'autres romanciers qui s’en trouvent ainsi moins exploitables "politiquement".
Avec ses apparences de simplicité, l’oeuvre ne laisse pas place au doute. Toutes “les voix” convergent dans le même sens, et permettent par là même à de larges zones d’ombre de proliférer.
D’ailleurs, il faut bien dire, à sa charge, que l’auteur, également conférencier, journaliste, traducteur, est venu faire des conférences à Metz et Thionville dans les années 1943 à 45.
PS. Le roman a,par ailleurs,été interdit, à l'époque, en Union Soviétique et en RDA, où il avait été classé comme trop régionaliste, politiquement dangereux.
Je vous renvoie à un site que je viens de découvrir et qui se trouve en lien http://ascomemo.chez.com/polemiques.htm Vous y trouverez un article très intéressant de Philippe WILMOUTH intitulé " Attention au lissage de notre mémoire". Et depuis Claude BUTTNER a, pour info, fait (et fera jeudi 20 novembre 2014 à 14h30 à l'IMRA) une conférence sur le roman, intitulée « Ernst-Moritz Mungenast : "Grondements de tonnerre au lointain" », à laquelle j'essayerai d'assister.
Mais alors pourquoi ? Oui, pourquoi moi ?
"MON" CONTEXTE “de lecture”
J'ai eu l'occasion de lire ce roman, en été, il y a 15 ans, en 1999. Mon fils aîné qui l'avait reçu de sa grand-mère, Prof d'allemand, l’avait, en juin, présenté au Bac, à l’épreuve facultative de culture régionale, en “sujet libre”.
Il m'a intéressé, m'a raconté un Metz qui me "parlait". J'ai fait quelques commentaires, pris quelques notes... Je prends toujours des notes, c'est une manie. Je veux les utiliser aujourd’hui, parce que je fais un peu de rangement et que j'ai envie de mettre un terme à tous les textes que j'ai commencés sans en n'avoir jamais rien fait (faire = publier d'une manière ou d'une autre : blog ou papier)... J'ai donc du pain sur la planche... Je n'ai pas relu le livre. Je pense aujourd'hui que j'aurais dû être plus précise, afin de pouvoir approfondir l'étude. Il y aurait des choses à écrire sur les personnages et leur relation aux lieux...Mais bon...Tant pis. Dommage !
Le côté sulfureux m'avait échappé à l'époque...
Se pourrait-il vraiment que je sois aujourd'hui moins naïve ??
De doux souvenirs ...
Le récit d'une promenade du "magicien" le jour de Pâques, au départ de l'Esplanade jusqu'à Chazelles m'a laissé une empreinte très joyeuse, ensoleillée et m'a rappelé les belles promenades que nous faisions en famille, quand j'étais jeune, sur ce même itinéraire et aussi... l'éblouissement du Jour des Rameaux des Confessions de JJ ROUSSEAU.
J'ai encore, entre autres, en mémoire "affective", mais livresque, un berger et son troupeau de moutons envahissant la rue Serpenoise, la vie qui entoure la Cathédrale, son parvis et ses mendiants et il me reste l'impression que l'on arrive très vite en ville à partir du cimetière de Plantières.
En bonne lectrice midinette “fleur bleue”...j'ai sauté (sans remords) tous les passages qui m'ennuyaient, à savoir... les chroniques, historico-journalistiques pour ne m'attacher qu'au fil de la narration et suivre l'histoire sentimentale d' André Muzot, une sorte de Jupiter de la rue Serpenoise et de ses femmes !
Claire Antoine
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