Archive 8 février 20213- INFO. Le Conseil Economique Social et environnemental de Lorraine ( C.E.S. ): ses travaux sur le spectacle vivant en Lorraine : lien 1 pdf http://ces.lorraine.eu) Lien 2 : couvertures livres de François Baudin sur l'histoire économique et sociale de la Lorraine

Publié le par Claire (C.A.-L.)

Archive 8 février 20213- INFO. Le Conseil Economique Social et environnemental de Lorraine ( C.E.S. ): ses travaux sur le spectacle vivant en Lorraine : lien 1 pdf http://ces.lorraine.eu) Lien 2 : couvertures livres de François Baudin sur l'histoire économique et sociale de la Lorraine

     Pour lire le rapport public de la séance plénière du 8 février 2013, vous pouvez consulter le site suivant : 

             http://ces.lorraine.eu/jahia/webdav/site/ces/shared/Rapports/2012/130204_comm_SVL.pdf

 

   Souhaitons qu'il sorte quelque chose de véritablement positif                       pour les acteurs lorrains, que j'aime et soutiens, de tout cet embrouillamini... 

                   J'ai copié/collé la conclusion

                          " Les grandes caractéristiques de l’emploi culturel en Lorraine

L’engagement de celles et ceux qui travaillent au nom de convictions, qui donnent sens à leur vie, a sans doute été le phénomène le plus marquant de ces quelques mois d’auditions et de rencontres avec les artistes et les responsables d’entreprises artistiques et culturelles. Ce sont ces convictions qui, en se conjuguant, permettent de se réinventer en permanence, et ensemble. 

C’est parce que les artistes cherchent de plus en plus à « faire ensemble », parce qu’ils inversent le cours du « tout consumérisme aliénant », qu’ils réussissent à affirmer la singularité des territoires, en les armant par l’écriture, le théâtre, la musique, la danse, le chant… 

Ce désir de faire ensemble va d’ailleurs bien audelà de la dimension budgétaire. Cette dimension, bien que déterminante, ne saurait être le pivot de tous les raisonnements. Cela a été entendu. 

L’approche comptable ne peut être la seule et unique réponse aux questions que posent  l’art et la culture aujourd’hui.

« La pensée unique juge la dépense publique perverse et improductive. Là est l’impasse. Il nous faut une action publique forte. Pensons autrement nos politiques de l’art et la culture et la façon de les écrire .Tissons de nouvelles relations entre l’Etat, les collectivités territoriales, les professionnels, les citoyens.Définissons collectivement nos ambitions, donc les moyens à réunir. Faisons-le, territoire par territoire et en même temps au niveau de la nation toute entière. L’avenir dépend de notre capacité à renouveler notre culture de l’action publique »

                               (Robin Rénucci, comédien et directeur des Tréteaux de France)

Si des moyens nouveaux sont nécessaires, ceuxci ne prendront sens qu’à partir d’une réforme ambitieuse des objectifs et des actions. C’est probablement une question majeure.Dire que le rôle des artistes serait de faire face au déferlement des produits des industries culturelles (pourtant elles aussi bien mal en point) est insuffisant. Dire que les rôles des institutions serait surtout de « rendre accessible au plus grand nombre (…) les œuvres capitales de l’humanité »  est également insuffisant.

L’enjeu est plus complexe. Il est bien évident que les révolutions techniques et technologiques soulèvent des inquiétudes, mais le défi à relever est un peu de même nature que celui pour lequel Jules Ferry avait invité la République à répondre. 

L’éducation artistique et culturelle se doit d’être un engagement essentiel pour l’époque actuelle. La société de l’intelligence et du savoir ne se construira pas sans une nécessité de pratique. Former les enseignants et ne pas fermer leurs instituts de formation ; engager les artistes à conjuguer la formation et la pratique ; « partager le sensible » pour reprendre l’expression du philosophe Jacques Rancière, voilà l’enjeu à venir, et le plus tôt sera le mieux. Il ne s’agit donc plus simplement de l’accès aux œuvres mais il s’agit de faire agir l’œuvre, de la faire rencontrer activement le spectateur.

La maison du spectacle vivant ambitionnée serait une maison où l’on réfléchirait à cette question de la création partagée, où l’on réfléchirait à comment l’art et la culture s’appréhende individuellement et collectivement. Il n’y a pas d’un côté une culture populaire et de l’autre une culture qui ne le serait pas. Il n’y a pas de savants et de non savants, il n’y a pas à créer d’opposition entre amateurs et professionnels. La maison du spectacle vivant chercherait les moyens de faire reculer l’intimidation et la difficulté d’entrer dans ces lieux où la langue, où la voix, où le corps et l’esprit  s’en donnent à cœur joie. Les artistes ont exprimé cette nécessité qu’ils éprouvent de vouloir parler avec leurs concitoyens, bien plus proches de l’art et de la culture que certains veulent bien le suggérer. Ce lien est juste à réinventer, à encourager. Ces dernières années, certains voudraient faire croire à un échec de la démocratisation de la culture. C’est une erreur car la décentralisation et la démocratisation culturelle et artistique ont bien eu lieu.

Il faut se remémorer un instant la France «culturelle» de 1950 : un théâtre parisien faisant par-ci par-là de bourgeoises tournées pour ses cousins de province, des opéras ensommeillés, des musées poussiéreux, le maintien ronronnant d’une culture/inculture de classe. Aujourd’hui, qu’est-elle devenue ? Un incroyable tissu de Théâtres Nationaux, Centres Dramatiques et Chorégraphiques, Scènes Nationales, Festivals et Compagnies ; une politique, originairement d’État, souvent retranchée dans les plus grandes villes, qui a gagné peu à peu les petites cités et les campagnes, grâce en particulier aux efforts croissants des villes, des régions et des départements. La démocratisation est bien réelle, et elle a aussi pris d’autres formes, d’autres « voies » que celles définies par les « voix » officielles. Depuis le hip hop jusqu’à Internet, elle a pris d’autres chemins et comme le rappelle à juste titre le critique JeanPierre Thibaudat, « pour aller de l’avant, on ne peut plus continuer comme avant ». 

Certes il faudra revitaliser le réseau institutionnel, qui a su néanmoins tisser une belle toile sur tout le territoire, mais il faudra aussi ouvrir des allées de traverses. Pour rester vivant le spectacle eponyme doit être le lieu de rencontre « entre les vivants ». Encore un effort pour aller voir du côté des marges, des fabriques, des friches où se bricole du vivant et où s’allume des contre feux … Cela a été entitendu à de très nombreuses reprises, la Lorraine est riche de désirs et de réalisations, de l’émergence d’un mouvement foisonnant où se croisent les arts des uns et ceux des autres, où s’affirment des démarches hors norme. 

C’est un chantier qu’il faut engager en prenant en compte les lieux alternatifs, ces « fabriques d’art et de culture », où s’associeraient les artistes par affinité, par complicité plutôt que les mettre en résidence, où les maisons à taille humaine seraient favorisées à côté de pôles indispensablement « visibles », où se poserait la question des cahiers des charges identiques pour tous, où la question de la durée de vie des spectacles, réduite au fil des années, serait posée. Combien de spectacles aussi éphémères que des lucioles ? Combien de spectacles morts à peine nés ?

Il y a aujourd’hui de l’impatience qui peut être salutaire. Il y a une forte demande d’écoute et de propositions. Il faut engager ce chantier. Car il y a encore beaucoup à réformer dans le spectacle vivant, mais avec une passion de l’avenir, une confiance dans l’intelligence, un désir que cette «politique culturelle que le monde entier nous envie» retrouve son niveau le plus haut, qu’elle continue à diversifier sans cesse ses moyens de diffusion et ses moyens d’écoute des idées et formes qui naissent dans le corps social. 

Chaque art du spectacle vivant traverse de graves difficultés qui risquent de mettre à mal, voire à mort, tous les talents naissants, toutes les ambitions individuelles ou collectives. Il faut également penser aux formations artistiques et aux trajets professionnels, aux enseignements artistiques (toujours brandis comme un fanion,mais jamais favorisés) ; penser évidemment à  «l’intermittence», à sa fonction dans le financement réel de la culture, à son devenir dans un système aux moyens bloqués ; penser enfin à ce qui pourrait soutenir les plus hautes ambitions artistiques dès les plus petites compagnies débutantes. C’est à ces enjeux là qu’il faut s’attaquer au lieu de céder aux clichés de la paresse intellectuelle et du libéralisme à la mode …

« la science, l’éducation, la culture (…) créent beaucoup de besoins, et davantage sans doute qu’elles n’en peuvent, à leur niveau même, assouvir. Les intérêts mercantiles s’insèrent ici. Tout, bientôt, n’est plus qu’un bazar»

Certes, il y a des choix à faire, mais le premier est de donner toutes ses chances à cet « être vivant » qu’est la politique culturelle publique dans notre pays."

i Francis Ponge, poète (cité dans « le Monde » - 19/20 décembre 2010)

( Note perso ...aller chercher Ponge, j'espère qu'il ne se retourne pas dans sa tombe.) 

Extrait d'une page d'analyse

[...] Avec 9.956 actifs exerçant une profession culturelle en 2006, la Lorraine fait partie des régions où le poids des professions culturelle est le plus faible,  puisqu’il ne représente que 1,04% du total des emplois régionaux en métropole. Parmi les 9.956 actifs en emploi en Lorraine, les effectifs les plus importants se retrouvent dans les « Professions de l’audiovisuel et du spectacle » parmi lesquels on trouve les « cadres, techniciens et ouvriers des spectacles »  et les « artistes des spectacles » (tableau 9).

[...] 68% des actifs de la région ayant un emploi culturel sont des salariés (soit 6.784 personnes), alors que la proportion de salariés (tous secteurs confondus) s’établit à 92% en région Lorraine. Cela en fait une spécificité des emplois culturels par rapport à l’ensemble des autres professions dans lesquelles domine très largement le salariat.En revanche, le salariat domine chez les « artistes des spectacles » : 88% chez les « artistes de la musique et du chant », 85% chez les « artistes de la danse, du cirque et des spectacles divers », et 67% chez les « artistes dramatiques ». De même, près de 80% des « cadres, techniciens et ouvriers des spectacles » sont salariés.

La Lorraine compte 3.171 travailleurs nonsalariés dans les professions culturelles, parmi lesquels 77% sont des indépendants sans salariés et 23% des non-salariés eux-mêmes employeurs. Si les « cadres, techniciens et ouvriers du spectacle » apparaissent relativement dynamiques dans la création d’emplois, puisque 29% d’entre eux sont employeurs, ce n’est en revanche pas le cas des « artistes des spectacles » qui à 97% sont indépendants sans salariés. L’acte de création reste encore un acte très individuel …Si d’une manière générale les contrats sont moins précaires en Lorraine dans les professions culturelles, puisque sur les 6.784 professionnels de la culture lorrains salariés 74,5% d’entre eux ont un CDI, la situation est toute autre concernant les  « artistes des spectacles », catégorie dans laquelle la proportion de contrats précaires est particulièrement importante (53% d’emplois à durée limitée, CDD,contrat court, vacataire …). Toutefois, à l’intérieur de ce groupe, il est nécessaire de distinguer les « artistes dramatiques » pour lesquels seulement 12% des actifs sont en emploi à durée indéterminée, les « artistes de la musique et du chant » pour lesquels la part d’EDI s’élève à 42% et les « artistes de la danse, du cirque et des spectacles divers » qui comptent 58% d’actifs en EDI.

Cette disparité au sein de la catégorie « artistes du spectacle » s’explique en raison de la présence en Lorraine de grosses structures employeuses que sont les opéras de Nancy et Metz, l’orchestre national et le centre chorégraphique national – ballet de Nancy. Ainsi, les emplois à durée indéterminée des artistes de la musique et du chant sont pour leur quasi-totalité offerts par des institutions de statut public (subventionnées par l’Etat et/ou relevant directement de collectivités territoriales (tableau 10), à l’exception du Centre Chorégraphique National sous statut associatif.[...]

[...] Autres signes de précarité, les professions de la culture sont largement marquées par le temps partiel et le poids de l’intermittence. Dans la catégorie des « artistes des spectacles », la proportion d’actifs à temps partiel (38%) est bien supérieure à la moyenne des emplois culturels (21%). A l’intérieur de cette catégorie, ce sont les « artistes dramatiques » qui sont les plus exposés au temps partiel puisque seulement 45% des emplois sont à temps complet. En précisant par ailleurs que des pans entiers d’esthétiques (musiques actuelles, arts de la rue,arts du cirque, marionnette, …) relèvent quasi exclusivement du seul régime de l’intermittence.

Comme le relève l’OREFQi, « si le régime de l’intermittence permet aux entreprises du spectacle de mobiliser une main d’œuvre qualifiée en fonction des aléas de l’activité, il contribue en revanche à l’institutionnalisation de l’aspect discontinu du travail ainsi qu’à la démultiplication des employeurs durant l’année et donc, par là-même, à l’alternance entre périodes de chômage et périodes de travail de courte-durée », et de fait à une précarisation des situations des salariés. (Sont désignées par le terme d’ « intermittents » les personnes ayant travaillé sur un emploi salarié non permanent dans le champ du spectacle vivant ou enregistré. Deux sous-groupes sont à distinguer :• Les intermittents non indemnisés au titre des annexes 8 et 10 de l’assurance chômage, c’est-à-dire ayant travaillé moins de 507 heures sur la période de référence ; • Les intermittents indemnisés au titre des annexes 8 et 10, c’est-à-dire les allocataires ayant justifié d’au moins 507 heures travaillées dans le secteur pour pouvoir ouvrir leurs droits[...]etcetcetecetc.

     

http://www.pole-emploi.fr/informations/les-allocations-versees-aux-intermittents-du-spectacle-@/suarticle.)