Mircea Eliade, Images et symboles, TEL gallimard 1979

Publié le par Claire

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                                              Extraits

                  Essais sur le symbolisme magico-religieux

                        ...le complexe de l'ascension rituelle et du vol magique

expressions non historiques d'un même symbolisme archétypal, qui se manifeste d'une manière cohérente et systématique aussi bien sur le plan de l'"inconscient" ( rêve, hallucination,rêve éveillé)
que celui du trans-conscient et du conscient ( vision esthétique, rituels, mythologie)
               Les manifestations conscientes et inconscientes s'accordent parfaitement.

...n'importe quelle déesse locale tend à devenir la grande déesse
n'importe quel village est le centre du monde
n'importe quel sorcier se prétend, au plus fort de ses rites Souverain universel,
c'est cette même tendance vers l'archétype
vers la restauration de la forme parfaite

- dont un rite, un mythe ou une divinité quelconque ne sont que des variantes-

 
qui rend possible l'histoire des religions. Mais une fois "réalisée, "historicisée" la forme religieuse tend à se dégager des conditions de temps et de lieu et à devenir universelle, à retrouver l'archétype.

L'impérialisme des formes religieuses victorieuses s'explique lui aussi par cette tendance qui porte toute hiérophanie ou théophanie à devenir "Tout",
                  càd à épuiser à elle seule la manifestation du sacré

Baptême, déluge et symbolismes aquatiques.

Les eaux symbolisent la somme universelle des virtualités.
Elles sont fons et origo.
précèdent toute forme et supportent toute création.

L'image exemplaire de toute création
est
l'Ile qui soudain se manifeste ( émersion, geste cosmogonique de manif des formes) au milieu des flots.

L'immersion = régression ds le préformel
réintégration( dissolution des formes) ds le monde indifférencié de la préexistence. 
Contact avec l'eau  régénération : dissolution suivie d'une nouvelle naissance, fertilise et multiplie le potentiel de vie.
réintégration passagère dans l'indistinct,
suivie d'une nouvelle création,
nvelle vie, ho nveau.

Les eaux désintègrent, abolissent les formes, "lavent les péchés"
à la fois purificatrices et regénératrices.
précèdent la création, la résorbent
elles ne peuvent dépasser leur modalité, càd se manifester dans des formes : leur condition de virtuel, germes, latences.

    Tout ce qui est forme se manifeste au dessus des eaux.
Dès qu'une forme s'est détachée des Eaux, elle tombe sous la loi du temps et de la vie.

Elle acquiert des limites, participe au devenir universel,
subit l'histoire,
se corrompt et finit par se vider de sa substance,
à moins de se régénérer par des immersions périodiques dans les Eaux

et de répéter le déluge.