Flaubert ''pris dans la mémoire des livres''. Lien : flaubert.revues.org, article de Philippe Dufour, ''Flaubert lecteur : une histoire des écritures''

Publié le par Claire Antoine

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"Pour saisir l'Histoire, il faut s'en extraire. Flaubert (...) s'agrège à la famille des génies. 
L'histoire des écritures, (...)est ...affaire ... de choix énonciatifs au sein d'une époque. L'impersonnalité, 
si elle est refoulement du penchant lyrique de Flaubert (trait idiosyncrasique ~~Subjectif)
se pose d'abord comme rejet de la littérature probante à l'âge industriel, 
de l'avocasserie démocratique. 
Contre la chicane de l'opinion, l'impersonnalité homérique devient un geste politique. Elle est refus de donner son suffrage.  
L'abstention du jugement est un principe sceptique  mais elle prend aussi la valeur d'une attitude anti-démocratique.
 

Flaubert juge les œuvres du passé elles-mêmes à la lumière de ce principe. Sous la monarchie absolue, l'œuvre du quasi génie Molière porte les stigmates d'une écriture proto-démocratique :

  • 99  Corr., t. II, p. 175 ; à Louise Colet, 2 novembre 1852.
Je relis maintenant, le soir, en mon lit (j'ai un peu quitté Plutarque) tout Molière. – Quel style ! mais quel autre homme c'était que Shakespeare ! On a beau dire, il y a dans Molière du bourgeois. – Il est toujours pour les majorités, tandis que le grand William n'est pour personne.
                              Genre impersonnel contre discours d'auteur
Flaubert lui oppose aussitôt la sérénité sublime des génies au grand complet, « Homère, Rabelais, Michel-Ange, Shakespeare, Goethe »
A propos de Béranger, Flaubert utilisait le mot philosophisme, ...pour désigner la manie de discourir... "mot-valise" : philosophie qui tourne au sophisme. La littérature probante verse dans l'idéologie. (...) L'impersonnalité n'est pas pour autant renoncement à la pensée. Elle est une autre manière de penser, de donner à penser – en exposant  antithèse à la littérature probante, Flaubert définit en effet la littérature exposante La littérature ... aux  allures de science, elle sera surtout exposante, ce qui ne veut pas dire didactique. Il faut faire des tableaux, montrer la nature telle qu'elle est, mais des tableaux complets, peindre le dessous et le dessus.

L'œuvre n'exclut pas l'intention : Je veux montrer que l'Éducation, quelle qu'elle soit, ne signifie pas grand-chose, et que la nature fait tout, ou presque toutSeulement l'intention se dilue ensuite dans des tableaux. Le récit raconte sans discourir, laissant la réflexion au lecteur. Le travail consiste à se détacher de la littérature probante. 

              "Le roman donne à penser, pour autant qu'il ne prétend pas savoir".