165 : ''Point de suspension''

Publié le par Claire Antoine

                               En découdre, en faux-fil maladroit
                      Encore !  Oui, je sais...Mais il faut que ça passe  
                                        avec un extrait des Mille Plateaux de Deleuze-Guattari
                           Point de suspension
…Des portes multiples, loin de Janus
Derrière chacune s’ouvre un nouvel ailleurs
D’autres vies possibles et indéterminées
Derrière, un nouvel ailleurs
qui ne s’effondre dans aucune profondeur
Et qui s’associe épidermiquement  en clair avec aussi de l’obscur les deux mais sans creuser derrière la surface des choses pas d’illumination venue de la découverte d’une vérité
D’un euréka des choses
Ce qui est à trouver est à cheminer parfois en raccourci parfois dans la lenteur des chemins d’écoliers qui s’attardent à l’épicerie pour remplir leurs poches de petits caramels pour la route aux détours interminables en marche vers une halte provisoire dans la maison leurre des origines
Au commencement il y a le cri
La ligne du cri lignée linéamenteuse d’un père putatif
Derrière n’existerait que dans la verticalité d’une corde-mur à monter
La surface ne suppose aucun arrière possible.
Aucun temps d’avant fragmenté.
La boule de mon cerveau fatigué se déplie en mètres carrés sur la grande table de multiplication
Etalé il a froid. Il se recroqueville et se replie enfin
L’opération est terminée. Il a retrouvé sa forme d’avant, ses 1400 centimètres cubes, sortis de lui, séparés, posés un temps, à côté de lui.
Le temps pour lui de la mort, du passage
Le corps dépossédé de ses organes
Offerts au regard médical
Mais la boîte sans angles est maintenant refermée dans une unité retrouvée après l’attaque
 
Loin loin je peux partir à nouveau au rythme de l’ intensité et du mouvement
De ma danse
Sans architecture centrale, colonne vertébrale, arbre tronc branches, squelette articulé entre tête et pieds, comme le chêne de La Fontaine dont les pieds touchaient à l’empire des morts et la tête au ciel
Monde où les bouts mis bout à bout peuvent essayer de se tenir cahin caha debout
Pour un voyage qui débute au milieu sans recherche d’un lieu où s’originer, ni pour finir.
Contre le tombeau pour les cendres éparpillées.
Les bouts tenus par le milieu sans que ce soit celui du mitan de la rivière profonde, par alliances de hasard sans généalogie, aux filiations multiples : celui que tu appelles ton père est une instance paternelle dont tu peux trouver la substance auprès d’autres, idem pour celle que tu appelles ta mère
 
         Sans être, je suis tu es il est : verbe attributif donnant accès à une essence invalidée
 
Vain verbe auxiliaire remplacé par des coordinations invariables réduites à deux lettres dont seule une est prononcée et et et et puis sans t, sans fond
Milieu éphémère biotope par où l’on passe pour entrer et sortir une fois deux fois trois quatre cinq… ?
 
Dis-moi, tu te souviens d’avoir visité Florence en 2 heures. Dis-moi tout tout ce que tu me dis s’autodétruira : Qu’en as-tu vu ?
La chaleur écrasante, l’eau glace dans des bouteilles en plastique serrée contre mes joues rouge et ma poitrine en sueur.
Qu’en as-tu vu ?
Au pas de course, des gens, les boutiques du Ponte Vecchio. Failli entrer dans le Palais Pitti mais la file était trop longue, impossible d’y entrer par le milieu, immédiatement. Avant de devenir milieu de la ligne de file, il m’aurait fallu  me  synapser à la queue de la file attendre que d’autres touristes se synapsent aussi derrière moi.
Alors, j'ai renoncé et je suis repartie, et revenue sur mes pas repassant par la même porte, j'ai retrouvé ma voiture, qui m'attendait au soleil. C’est tout. Et bouger beaucoup plus vite encore pour le vent et la fraîcheur par la fenêtre ouverte. Loin de Florence. Et faire la même chose de Pise à Venise, après une nuit passée à essayer de dormir recroquevillée dans ma voiture au milieu d’un camping, dans la proximité absolue d’insectes -- auxquels j’essayais de soustraire la moindre parcelle de ma peau, et rouge et boursouflée-- furieusement démultipliés par la présence de marécages.
Pas de profondeur, d’explications causales ad hoc, propter hoc qui que tu le veuilles ou non mènent à la morale de papamachoterritorialiséfamiliaspater
qui pourrait venir du creusement qui fouillerait le cœur à la recherche d’une blessure à remonter avec un seau accroché à la chaîne du puits d’une mémoire enfouie et qui ferait par instants souffrir au point qu’il faudrait trouver de quoi l’apaiser en allant la chercher, pour en la remontant la recoudre dans le patchwork de la vie avec la grande aiguille en action rythmée par le pied nerveux depuis la pédale de la machine à coudre qui surgirait comme une image découpée venue du catalogue de l’ enfance disparue... Pffft
qui permettrait de basculer vers des mondes vus de loin - plus ou moins - homogènes.
La recherche d’un supposé élément premier est vaine disait le sage, sans les frontières des guillemets qui corsètent. L’enfance n’existe pas, les traces ne sont qu’illusions, mensonges, confort, et fausse sécurité. Ne semez pas, disait-il aussi, piquez, ruminez dans les quatre estomacs de la vache.
                               Reliez des points, changeants, mobiles,
si vous y tenez vraiment, quitte à vous raccrocher à quelque chose qui aurait l’air d’une stabilité,
esprits faibles,
sédentaires enracinés dans des terres arborées,
vous  qui ne savez jouir de précaires abris sous-roches,
vous pouvez toujours, de ces points,
  faire des cartes, modifiables, contrefilets, petits points d’intensité variable, structures en mineur...
 
  Hein ? Ça ira, pas trop secoués ...
 Non ! Commissaire, pour moi ça ira "Bon sans mais c'est bien sûr"
 Tss tss. "C'est le métier mon p'tit, Charolles, c'est le métier"
 

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